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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Le peintre aux outrages

Une biographie romancée du peintre Charles Filiger contemporain de Gauguin

Une biographie romancée du peintre Charles Filiger contemporain de Gauguin

Aujourd’hui je vais évoquer Le peintre aux outrages roman biographique de Claire Daudin consacré à Charles Filiger.

Le protagoniste, lui-même narrateur du texte, s’appelle Charles Filiger ; il est né en Alsace à la fin du dix-neuvième siècle en 1863 où il a vécu avec sa famille durant son enfance. Sa vocation de peintre se révèle assez tôt et il part d’abord étudier à Paris. Il s’éloigne de ses racines familiales et dans sa jeunesse il part plus à l’ouest en Bretagne pour vivre de son art et rejoindre une école célèbre. A Pont-Aven d’autres artistes sont installés ; là-bas il côtoie Paul Sérusier et rencontre le peintre Paul Gauguin dont il va devenir le compagnon de route. Tous les deux vivent bientôt dans l’auberge de Marie Henry au Pouldu. Dans le premier chapitre du roman Charles s’adresse à sa mère et lui raconte sa vie bretonne et ses rencontres. D’autres peintres et auteurs (notamment Alfred Jarry) sont évoqués par Charles Filiger. Le personnage est assez difficile à cerner ; bien sûr sa peinture est importante mais le lecteur ne découvre que des bribes de sa vie intime. Il dit plusieurs fois ne pas aimer les femmes. Mais ses réelles attirances sont juste effleurées avec tact et litote ; les euphémismes de l’autrice semblent se calquer sur la discrétion de l’époque. Pourtant ses préférences affleurent dans ses tableaux. Son homosexualité n’est pas affirmée, il est décrit comme ventru et peu séduisant. Il va habiter dans différentes localités bretonnes sans jamais revenir s’installer en Alsace. Force est de constater que malgré ses tableaux colorés et ses représentations christiques nombreuses témoignant de la foi bretonne Filiger est attiré par les hommes et peint plusieurs jeunes garçons légèrement équivoques. Les outrages du titre font référence à ces goûts sulfureux. Progressivement il augmente sa consommation d’alcool et se drogue à l’éther. Filiger est soutenu par un mécène qui l’encourage et lui assure provisoirement une rente. Gauguin part pour Tahiti assouvir son goût des jeunes filles, un des compagnons de Filiger retourne dans un pays du nord c’est le début de la déchéance et d’une certaine solitude sentimentale. Au fil des ans l’isolement et la maladie s’aggravent, le peintre floué et incompris sombre (l’artiste maudit archétypique) et est confronté à une lente agonie. Il est hébergé par un couple qui est payé discrètement par sa sœur. Il souffre de crises de mysticisme et parfois sa pensée divague, il est oublié et son talent de peintre n'est pas reconnu. Il meurt anonymement en Bretagne en 1928.

Le peintre aux outrages est un hommage à Charles Filiger resté dans l’ombre de Gauguin et dont l’œuvre picturale est très peu connue. Claire Daudin ressuscite son parcours et dépeint ses tourments intimes, son environnement en insistant sur l’importance des pensions successives dans lesquelles il s’est installé puis isolé du monde en proie aux souffrances psychiques et physiques.

Voilà, je vous ai donc parlé du Peintre aux outrages de de Claire Daudin paru aux éditions du Cerf.

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