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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Le musée de la jeunesse

Aurélien Bellanger passe une nuit au Louvre en compagnie de Poussin

Aurélien Bellanger passe une nuit au Louvre en compagnie de Poussin

Aujourd’hui je vais évoquer Le musée de la jeunesse d’Aurélien Bellanger. Ce texte s’inscrit dans la collection La nuit au musée qui consiste à proposer à un auteur de rester seul le temps d’une nuit dans un musée qu’il a choisi afin d’apprécier l’art l’entourant et de s’en inspirer pour écrire. L’éditeur n’impose rien concernant la forme ; chacun est libre de proposer un texte personnel. Pour cet exercice Aurélien Béranger a opté pour le Louvre et plus précisément les salles consacrées aux œuvres du peintre Nicolas Poussin.

Le titre Le musée de la jeunesse tisse un pont entre la jeunesse de l’auteur et celle de ce peintre qu’il admire mais dont sont principalement connues les toiles de la maturité. Les titres des chapitres évoquent les noms des tableaux. Béranger affirme : « Poussin, tel que je l’avais découvert adolescent, était le plus grand des artistes français, celui dont la carrière, entre toutes, méritait d’être imitée. » Il revient assez peu sur l’expérience sensorielle de cette nuit : « repoussée plusieurs fois par des péripéties liées à la crise du Covid, ma nuit au Louvre a surgi un peu de nulle part, en cette fin d’hiver 2022. J’avais même fini par penser que je n’y dormirais jamais. (...). De cette nuit-là je n’oublierai pas le froid réveil sur un lit de camp, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues. » Mais le moment advient donc et coïncide aux jours où l’écrivain se replonge dans le journal vidéo de sa jeunesse. Il précise : « je possède, dans ces quarante-huit cassettes, dans ces deux jours de films, les brouillons vécus de ces romans d’amour. Cela pourrait être une manière de résumer ce journal vidéo : il raconte la fin d’une relation et le début d’une autre, qui dure encore aujourd’hui. » Le dispositif scénique de cette plongée nocturne solitaire au Louvre n’est finalement qu’un prétexte pour revenir sur sa propre jeunesse, ses études de philosophie, son rapport à l’art et sa volonté de devenir écrivain. Aujourd’hui Aurélien Bellanger est reconnu (je n’ai jamais lu ses romans mais de nombreuses critiques et interviews). Le quadragénaire durant cette nuit se retourne sur sa jeunesse au mitan de son existence et exhume des textes inaboutis, des romans non publiés. Sa présence au milieu des tableaux de Poussin suscite d’intéressantes remarques : « dans les musées les œuvres nous regardent avec pitié comme des chiens dans un refuge. (...). Tout cela n’est pas exempt de snobisme. Poussin n’est pas le plus connu, pas le plus facile des grands peintres. (...). Le Louvre était bien plus qu’un musée pour moi : c’était une épreuve incontournable. » Au moment de quitter les lieux au matin et de terminer cette expérience formidable il constate : « le seul tableau que j’aurai réussi à sortir du Louvre aura été moi-même. Moi-même et cette idée que malgré tout les œuvres existent, vivent et nous regardent tout en nous méprisant un peu. » Pour aborder l’œuvre de Poussin d’un point de vue sociologique et non d’histoire de l’art je conseille la lecture de Ceci n’est pas qu’un tableau de Bernard Lahire. Ici Aurélien Bellanger évoque brièvement les tableaux mais ce n’est finalement pas le centre du Musée de la jeunesse.

Le musée de la jeunesse est un court texte de commande qui résonne comme une opportunité pour Aurélien Bellanger d’écrire une autobiographie intime. L’exercice est certes narcissique mais pas dénué d’intérêt. Le romancier féru de philosophie étaye son propos, est sincère (il évoque une amitié non dénuée de penchant homoérotique discret) et réfléchit à l’importance de l’art dans sa vie.

Voilà, je vous ai donc parlé du Musée de la jeunesse d’Aurélien Bellanger paru aux éditions Stock.

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