Monsieur Romain Gary

La suite (second volet) du roman de la vie de Gary

Aujourd’hui je vais évoquer Monsieur Romain Gary suite du récit romancé éponyme de Kerwin Spire. Le sous-titre de ce second volet de la trilogie est Écrivain-réalisateur, 108 rue du Bac Paris VIIe Babylone 3293. Force est de constater que Romain Gary est tant par son œuvre que par sa vie un inspirateur des jeunes générations. L’auteur en est à son deuxième ouvrage autour de ce personnage hautement romanesque, François-Henri Désérable a également écrit sur Gary, plusieurs biographies ont été publiées et Gary/Ajar est toujours lu et enseigné aujourd’hui.

Cet opus couvre la décennie 1960 au moment du retour en France de Romain Gary et de son histoire d’amour avec Jean Seberg. Sur cette relation l’auteur précise : « vingt-quatre ans les séparent. Soit près d’une vie. Surtout que lui en a déjà eu mille. Mais au-delà de leur différence d’âge et de vécu, c’est le statut même de leur couple – adultérin, de part et d’autre – qui interroge, alors que la famille Seberg ne compte aucun divorce dans ses rangs. » La narration est chronologique et insiste sur des épisodes marquants survenus durant la période. Comme l’indique le titre à cette époque c’est l’écriture et la tentative de réalisation cinématographique qui sont au centre de son existence. Le protagoniste lui-même affirme : « j’en ai soupé du personnage Romain Gary diplomate... j’en ai assez. Et puis j’ai besoin de temps pour mener à bien mon œuvre littéraire. Et à cet égard, il y a aujourd’hui une incompatibilité entre deux carrières, et ma vocation est celle d’être créateur. » Installé au cœur du Paris germanopratin auprès de celle qu’il aime : « en ce printemps 1961, Romain Gary tourne la page de la diplomatie, après avoir servi pendant plus de quinze ans le ministère des Affaires étrangères. De Sofia à Los Angeles, il aura gravi tous les échelons du protocole, jusqu’à celui de consul général, son poste le plus élevé. » Son divorce avec Lesley Blanch est compliqué et long, pendant cette période son histoire sentimentale avec l’actrice américaine Jean Seberg est cachée. Ils auront un fils Alexandre Diego dans une semi-clandestinité comme leur mariage en Corse qui est un épisode où les réseaux gaullistes influents permettent de garantir la discrétion aux époux. Jean tourne des films, Romain écrit et prépare un long métrage avec sa femme dans le rôle principal Les oiseaux vont mourir au Pérou. Au fil des ans : « petit à petit, Romain et Jean s’éloignent. Ils se retrouvent en voyage, mais n’ont déjà plus de vie maritale. La rue du Bac est devenue un port d’attache, où grandit un petit garçon autour duquel toute une vie domestique a été recréée pour l’entourer d’affection, alors que ses parents sont accaparés l’un et l’autre par leurs carrières respectives : lui, par ses abstractions ; elle, par ses tournages à l’autre bout du monde. » Dans le roman le fils est assez peu évoqué, Gary n’apparait pas comme un père très présent. D’ailleurs après la séparation du couple Kerwin Spire ne parle pas du sort du gamin. Jean Seberg s’investit dans des causes nobles pour la défense des noirs américains ce qui provoque la méfiance de son pays et la surveillance du FBI. Romain Gary connait un four au théâtre, son film est mal reçu par la critique, il a plus de succès littéraire en Amérique qu’en France. Son couple vacille, les deux époux décident de se séparer. Au moment du divorce ils se disent : « nous devons sacrifier l’avenir pour garder intact le souvenir de notre passé. » L’auteur invente une scène ainsi décrite : « à présent, en pleurant dans les bras l’un de l’autre, ils comprennent que l’amour qu’ils se vouent mutuellement depuis près de dix ans ne s’effacera pas en un instant, qu’il est encore là, par trop présent, et qu’il ne disparaîtra jamais totalement. Mais voilà, ils ont pris une décision. » Les circonstances tragiques de la fin de vie de l’actrice seront sans doute évoquées dans l’ultime opus de ce Monsieur Romain Gary. Le roman s’achève en 1970 lors des obsèques de De Gaulle où Gary est présent au premier rang en tant que combattant de la France libre.

Monsieur Romain Gary est un roman épatant qui permet d’imaginer dix ans de la vie trépidante de ce personnage romanesque. Force est avec l’auteur d’admettre que : « l’image publique de Romain Gary apparaît des plus complexes. Ancien combattant, gaulliste notoire, écrivain bourgeois à la mode NRF, un certain académisme mêlé à l’odeur du soufre et au parfum de scandale. »

Voilà, je vous ai donc parlé de Monsieur Romain Gary (volume 2) de Kerwin Spire paru aux éditions Gallimard.

Monsieur Romain Gary - Culture tout azimut

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Chronique sur le précédent volume de Kerwin Spire