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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

La maison des regards

Un récit très touchant autour de l'alcool et de la poésie

Un récit très touchant autour de l'alcool et de la poésie

Aujourd’hui je vais évoquer La maison des regards texte autobiographique bouleversant de l’italien Daniele Mencarelli.

La maison des regards appartient à la catégorie de la littérature de non fiction, ce récit à la première personne est l’histoire d’une sorte de rédemption, d’un retour à la vie. L’auteur, Daniele Mencarelli, est né en Italie en 1974 et vit à Ariccia dans la région de Rome. Ce qu’il évoque dans ces pages sincères se déroule alors qu’il a une vingtaine d’années. Il est poète mais surtout il a sombré dans un alcoolisme profond dès son plus jeune âge. Le récit n’est pas là pour faire l’étiologie et les causes de cette pathologie handicapante socialement. Il vit avec ses parents, il a une sœur et un frère qui sont excédés par ses excès et son autodestruction. Malgré plusieurs tentatives il ne parvient pas à se désintoxiquer, d’ailleurs il n’est pas certain qu’il en ait la volonté. Il ne reste jamais sobre plus d’une journée, il est addict et a besoin de sa dose quotidienne d’alcool dans le sang. Il conduit en état d’ébriété et multiplie accrochages et accidents. Un jour il contacte son ami Davide (directeur de revue littéraire) pour lui demander de l’aide. Celui-ci intercède en sa faveur et l’aide à trouver un emploi. Ce piston est mal vu par ses collègues lors de sa prise de poste. Il est embauché à l’hôpital de l’Enfant-Jésus à Rome comme agent d’entretien. Avec une cohorte de collègues il est chargé d’effectuer en trois-huit le ménage des locaux. Le premier jour il se retrouve pris de nausée alors qu’il doit nettoyer littéralement la merde déposée par des clochards dans les toilettes du lieu. Daniele va tenir aidé par l’alcool, il a besoin de cet emploi pour se réinsérer, se sauver. Cette scène fondatrice est à l’origine de son retour progressif vers la vie même s’il est ponctué de nombreuses rechutes. Outre l’alcoolisme il souffre de douleurs psychiques, sont état est instable mais ce travail va lui donner un cadre et lui offrir une satisfaction. L’Enfant-Jésus est un centre pédiatrique, le plus grand de la capitale où des dizaines de gamins sont soignés. Daniele va nouer de mutiques contacts avec les bambins et croiser leurs regards dans lesquels leur souffrance se lit, comme une sorte de miroir de la sienne et de ses douleurs mentales. Il croise notamment Toc-Toc qui est le personnage emblématique de ce récit où l’empathie est omniprésente. Peu à peu Daniele se détache de la boisson, il la cantonne au week-end et il commence à aller mieux, à se rapprocher de sa famille, bienveillante mais exténuée, lassée de ce fils perdu (la mère d’ailleurs au début du récit lui propose de se suicider ensemble pour abréger leurs souffrances). Et puis le directeur de l’institution lui propose du tac au tac de composer des poèmes qui seront offerts aux donateurs de l’hôpital pour enfants malades. En secret, sans rien dire à ses collègues et à sa famille, il rédige en un mois un recueil de textes où il dit son quotidien et celui des pensionnaires (et des défunts) de l’Enfant-Jésus. Voici pour conclure quelques extraits du début du récit : « plus qu’une maladie, c’est un destin. Une bizarrerie infecte. Ce qui agit chez les autres comme un trésor se change chez moi en souffrance. Tel est le sort des gens qui sont nés pour périr. (...). Désormais je sors pour boire et je bois pour sortir. (...). Je me couche presque lucide, ça ne m’était plus arrivé depuis je ne sais combien de temps, j’ai des tremblements à la place du sommeil, le cœur qui bat jusque dans les oreilles. J’entends des pas sur les trois marches, c’est ma mère qui m’apporte un somnifère, qui m’enlève mon tee-shirt taché de sang, qui a encore le courage de me cajoler. Elle va s’asseoir sur sa marche, sentinelle épuisée, un tas de chair et d’os. Je me tourne de l’autre côté, ignorant quoi me souhaiter. »

La maison des regards est un récit épatant et un formidable cri d’espoir, sans pathos ni bons sentiments dégoulinants. Ce témoignage est d’une grande force et montre que la résilience est possible.

Voilà, je vous ai donc parlé de La maison des regards de Daniele Mencarelli paru aux éditions Globe.

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