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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

D’un autre monde

Un petit fils raconte son grand-père et son amour de la nature sauvage africaine

Un petit fils raconte son grand-père et son amour de la nature sauvage africaine

Aujourd’hui je vais évoquer D’un autre monde récit intime et animalier de François de Grossouvre. L’auteur est le petit-fils de l’éponyme ancien ami de François Mitterrand. Sa généalogie est indubitablement présente dans ce livre qui évoque ses jeunes années avec le choc provoqué par la mort de son aïeul.

Le 7 avril 1994 au soir, alors que l’auteur n’a que quatorze ans, son grand-père est retrouvé mort à l’Élysée dans son bureau ; il précise comme un rapide curriculum vitae : « mon grand-père, François, s’était occupé de la coordination des services de renseignement pour la présidence pendant plusieurs années ; il était conseiller spécial du président de la République et directeur des chasses présidentielles. » La thèse officielle est celle du suicide, pourtant cette version ne convainc pas la famille et lors de ses pérégrinations africaines le jeune homme va croiser quelques hommes (barbouzards repentis ou occultes personnages) qui lui laissent entendre qu’il s’agit plus vraisemblablement d’un meurtre commandité pour éviter toute révélation compromettante au cœur de la Mitterrandie. A cette époque un scandale de plus dans l’entourage parfois sulfureux du Président. Mais ceci n’est présent qu’en filigrane dans le récit qui raconte principalement le rapport à la nature sauvage et le goût immodéré pour l’Afrique sub-saharienne du narrateur. Les traces familiales sont ancrées en lui et il confie : « comme beaucoup d’enfants très sensibles, j’avais trouvé un refuge pour échapper à la violence du monde. A l’époque c’était un moyen suffisant et j’étais peut-être encore rattrapable pour une vie normale. Je me sentais comme Noé sur son arche, qui passait son temps à peindre pour oublier le déluge envoyé par le Seigneur. Le déluge, c’était la misère humaine. A dessiner et observer la beauté et la force des animaux, j’étais protégé par la nature comme Mowgli. » Après le décès de son grand-père il choisit de garder comme souvenir de lui un bracelet africain sorte de talisman pour ses années futures en brousse. L’adolescent ne va pas suivre la voie aristocratique portée par son nom : « (à) 18 ans, j’ai abandonné mes études pour partir en Afrique. En arrivant, j’ai voulu approcher la brousse à travers ces histoires et ces objets qui avaient alimenté mes rêves ou attisé ma curiosité. » Cependant il est attiré par la chasse, peut-être une réminiscence des gènes familiaux. En Tanzanie essentiellement le gamin va apprendre à pister les animaux au contact des locaux. Il se fait engager comme aide pour les safaris. A force d’abnégation et de persévérance il va gravir les échelons et s’imposer comme un indispensable soutien aux safaris organisés pour les riches touristes. Le bouquin balance entre l’éloge de la chasse et la louange à la nature et aux impressionnants big five. La description naturaliste des scènes d’affût où il faut patienter rester immobile et silencieux pour s’approcher au plus près des fauves est envoutante. François de Grossouvre s’est éloigné du monde urbain occidental, ses séjours africains sont son oxygène, une véritable drogue addictive. Il explique comment la chasse organisée permet de réguler les braconnages et il insiste sur la plus-value de son activité néanmoins prédatrice. Lyrique il écrit : « chasser l’éléphant dans le Selous, c’était entrer dans la grotte de Lascaux aux côtés de l’artiste, qui revenait pour peindre avec nous une dernière histoire de chasse. » Aujourd’hui il n’est plus en Afrique, le contexte a changé, les sociétés également ; les safaris qu’il décrit ne sont plus acceptés. Une expérience malheureuse au Cameroun le fait renoncer et il s’installe en Andalousie.

D’un autre monde est un récit passionné d’un homme épris de liberté et de nature. L’auteur a indéniablement été traumatisé par le drame familial et il a trouvé sa rédemption et son équilibre au cœur de la savane africaine au plus proche des animaux sauvages, dans un monde où les humains sont temporairement acceptés.

Voilà, je vous ai donc parlé D’un autre monde de François de Grossouvre paru aux éditions Stock.

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