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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Le cas Malaussène volume I : Ils m’ont menti.

Le nouveau roman de Pennac

Le nouveau roman de Pennac

Aujourd’hui ma chronique est consacrée au nouveau roman de Daniel Pennac intitulé Le cas Malaussène volume I : Ils m’ont menti. Il retrouve après quasiment vingt ans d’interruption sa tribu parisienne qui a été au cœur de ses premiers romans. Cette série l’a rendu célèbre et l’a placé parmi les meilleures ventes de livres dans les années 90. Les titres de ces romans loufoques tous situés dans le quartier de Belleville à Paris, sont La petite marchande de prose, Au bonheur des ogres, La fée carabine, Monsieur Malaussène entre autres. Pennac est également connu pour le formidable récit Comme un roman qui est une ode passionnée à la lecture, en prônant en particulier de lire à voix haute. C’est le message d’un professeur de lettres qui désacralise la littérature. Il invite à s’autoriser à ne pas tout apprécier, incite chacun à plonger dans ce plaisir étrange et merveilleux que représente la lecture, évasion solitaire la plupart du temps.

Les principaux personnages de la saga familiale sont donc de retour. Après tant d’années d’absence les retrouver est agréable même si dans le souvenir ils peuvent se confondre. Précisons qu’il est possible de lire de façon autonome cet opus. Force est d’admettre que pendant plusieurs dizaines de pages cette multitude de personnages déroute, le lecteur a du mal à s’y retrouver dans ce bazar sans nom. Les premières pages sont foutraques, le lecteur se perd. A la fin du roman, un glossaire aide à situer les personnages dans l’arbre généalogique complexe de la famille élargie. Dans cette épopée chacun est doté d’un prénom souvent improbable. Voilà quelques exemples : Verdun, Maracuja, C’est Un Ange, Alceste, la Reine Zabo. Ils ont tous vieilli. Benjamin Malaussène, l’ex bouc émissaire professionnel est en vacances dans le Vercors. Sa fonction sociale insolite de bouc émissaire est sans conteste une des formidables inventions de Pennac. Ceci est inspiré par les travaux savants de René Girard sur cette thématique biblique. Benjamin croit que sa progéniture devenue post adolescente est éparpillée sur la planète dans différents lieux, entre découverte du monde et bénévolat humanitaire. En réalité, il n’en est rien. La technologie moderne, notamment internet et les réseaux sociaux, permet d’organiser la supercherie. Voici en quelques phrases l’état de la situation au retour de Benjamin dans la capitale : « Maracuja, C’Est Un Ange et Monsieur Malaussène avaient donc failli se faire abattre la nuit précédente, ils étaient cachés aux Fruits de la passion, et je ne le savais pas. Julie, qui ignorait tout elle aussi, m’avait déposé à la gare TGV de Valence avant d’aller retrouver le vieux Coudrier pour l’aider dans ses travaux d’écriture. Je m’apprêtais à accueillir les enfants, censés revenir des bouts du monde. » D’étranges événements se produisent autour de la famille. Autant d’ingrédients pour bâtir un polar original. En effet, un riche industriel a été victime d’un enlèvement crapuleux, une demande de rançon est effectuée. Entre menace et inquiétude la tribu Malaussène n’est pas étrangère à la situation. Avides de justice sociale les enfants se font les défenseurs des victimes de plans sociaux injustes. Démêler les fils de l’intrigue n’est pas simple. Mais la truculence de la narration est désopilante.

Il s’agit avec ce volume du début d’une nouvelle série d’aventures. Tout n’est que farce et sotie. Daniel Pennac écrit avec autodérision : « quand je pense qu’un type pareil a servi de modèle à un personnage de roman ! Et que pendant toute mon adolescence ce personnage a fédéré le bas monde de la lecture d’agrément ! La coqueluche de ces années-là ! Malaussène par-ci, Malaussène par-là, il n’y avait pas moyen d’y échapper. C’était le cadeau de tous les anniversaires. Les parents branchés en recommandaient la lecture aux professeurs. » Nul doute que l’auteur pense à sa propre situation avec ces mots. Voici un extrait d’une déclaration solennelle et originale : « Nous, Magistrats bénévoles, Constitués en tribunal provisoire, condamnons en outre l’actuel gouvernement, réputé socialiste, à supporter seul le ridicule du premier enlèvement caritatif de l’histoire de notre justice. » L’intrigue permet de défendre des valeurs de gauche. Comme en témoigne cette dernière citation du texte : « C’est une liste interminable de toutes les fraudes, malversations, prévarications, atteintes aux mœurs, aux réglementations fiscales, bancaires, électorales et contractuelles qui ont été commises sur une profondeur de quinze ans. Abus de pouvoir et de positions, délits d’initiés, menaces de tous ordres, chantages, quelques meurtres aussi… quelques suicides transitifs… avec le nom des commanditaires. »

Daniel Pennac réussit à se renouveler. Il promet un second volume aux nouvelles aventures de Benjamin Malaussène et de toute sa smala. Il semble s’être repris au jeu de ce feuilleton pour le plus grand divertissement des lecteurs.

Voilà, je vous ai donc parlé de Le cas Malaussène de Daniel Pennac paru aux éditions Gallimard.

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