Un miracle

Le deuxième roman breton de Victoria Mas

Aujourd’hui je vais évoquer Un miracle le deuxième roman de Victoria Mas. Elle est l’auteur du Bal des folles qui s’intéressait au sort des patientes de Charcot à La Salpêtrière. L’introduction de ce nouvel opus se déroule à Paris en 1830 ; l’écrivain décrit la scène dans le couvent des Filles de la Charité où Catherine Labouré a une vision mariale. Ce préambule sert d’introduction et de transition au roman proprement dit.

Le texte est organisé en trois parties intitulées : une religieuse, un voyant et un miracle. L’action se déroule de nos jours (la période n’est pas précisément datée) en Bretagne. Deux lieux voisins sont le siège de cette histoire finistérienne : l’île de Batz et la ville de Roscoff. Sœur Anne vient rejoindre sœur Delphine pour l’épauler dans son labeur charitable quotidien. Elle n’a depuis plus de vingt ans pas quitté la maison mère parisienne, c’est une religieuse en attente. Elle a été informée par une nonne de son couvent dit de la médaille miraculeuse situé rue du Bac qu’une apparition de la vierge pourrait avoir lieu en Bretagne. Cette perspective prophétique l’attire elle est persuadée que Marie la choisira pour donner un sens spirituel accompli à sa vie. A quelques kilomètres de là, sur l’île, quelques personnages sont au cœur d’Un miracle. Parmi eux se trouve une famille catholique nouvellement installée sur place pour s’éloigner de la capitale et de la pollution qui fait souffrir un des enfants. Le père, Michel Bourdieu, est professeur, très pieu, possiblement intégriste ; sa fille Julia souffre d’asthme, le fils aîné est militaire sur un terrain de guerre africain tandis que le plus jeune garçon Hugo est méprisé par son père qui ne le reconnait pas vraiment comme son fils. La sensibilité du garçon, son attrait pour la science, ses fréquentations lui déplaisent. Leurs voisins sont un père veuf et son fils Isaac, inconsolable de la disparition de sa mère. C’est ce jeune homme secret, ami discret d’Hugo, qui va déclencher malgré lui les événements qui perturbent la vie tranquille des iliens. La tenancière du bar-restaurant Madenn est comme une mère de substitution pour Isaac. Il est l’élu, c’est lui qui va sur un promontoire de l’île assister à l’apparition. Il ne dit pas explicitement qu’il s’agit de la Vierge, mais il sait qu’il voit. Cet événement va conduire les habitants de Batz informés de cette situation réitérée à se déchirer. Certains croient en ce miracle corroboré par l’apparente guérison de Julia, d’autres sont dubitatifs et ne prêtent aucun crédit aux dires de l’adolescent fragile. En quelques jours la foule délire, les sombres aspects des hommes sont exacerbés, ces visions sont le catalyseur et les prémisses d’un drame. Victoria Mas dresse un portrait des moniales plein d’empathie, elle scrute cette communauté et s’intéresse au phénomène des apparitions sans jugement en rapportant des faits romancés crédibles dans leur forme. Le style du roman est inégal, quelques phrases sans verbes sont déroutantes.

Un miracle est moins puissant que le premier roman de Victoria Mas mais cette histoire est intéressante et le roman se lit avec un réel plaisir même pour ceux qui sont indifférents à la foi et à la spiritualité bien incarnée par la terre bretonne.

Voilà, je vous ai donc parlé d’Un miracle de Victoria Mas paru aux éditions Albin Michel.