Le cartographe des Indes boréales

Un grand roman d'aventure nordique

Aujourd’hui je vais évoquer Le cartographe des Indes boréales d’Olivier Truc. C’est un gros roman d’aventures qui se déroule en Europe au XVIIe siècle. Izko est le personnage principal de cette épopée nordique. Cette saga traverse le siècle de 1628 à 1693, le protagoniste est d’abord un jeune adolescent puis il devient adulte et vieillit. Il est français et plus précisément basque, ses aventures ont principalement lieu sous le règne de Louis XIV avec l’omniprésence de Mazarin à ses côtés. Izko aura un destin fabuleux et affrontera de nombreuses difficultés.

Le roman débute à Stockholm où Izko assiste à la mise à l’eau d’un navire, le Vasa, qui fait naufrage. Le bateau semble avoir été mal construit. Au même moment, le jeune homme est témoin d’une scène de meurtre et il sauve un bébé qui vient de naitre tandis que sa mère est évanouie. Ce sont autant d’éléments troublants pour ce fils d’un harponneur fameux. Il rêve avec son plus proche ami de participer à des campagnes de chasse à la baleine dans le grand nord. Mais son destin, tout en restant attaché aux régions septentrionales, sera autre. En effet, un jour sa famille reçoit la visite d’un juge bordelais qui va modifier les projets et les ambitions d’Izko. Il ne suivra pas les traces de son père Pascoal comme harponneur, il deviendra cartographe du roi. Il en a été décidé ainsi pour lui. Le narrateur indique ainsi qu’: « Izko Detcheverry, cartographe au service de Sa Majesté le roi Louis XIII, de la Sainte Eglise catholique, et plus prosaïquement en mission secrète pour le compte d’un ambitieux et inflexible jeune juge au parlement de Bordeaux, cherchait une justification pour aller de l’avant. Une raison, un objectif, une destination, un cap, une feuille de route. Tout. N’importe quoi. Un signe. » Izko suit le chemin tracé pour lui ; sa vie est truffée de rencontres et d’aventures. En Suède, il devient le confident et le meilleur ami de la jeune reine Victoria. Il tente d’oublier la scène traumatisante à laquelle il a assisté lorsque le Vasa a chaviré dans les eaux glacées, mais ce moment le hante tel un leitmotiv. Suite à la visite du juge bordelais et à son assignation comme futur cartographe, il est envoyé à Lisbonne afin d’apprendre le métier. Son arrivée à Sagres est mémorable, Izko est seul et perdu dans ce monastère hostile. Il s’exerce à reproduire sur le papier la géographie naturelle. Son talent est évident, sa mémoire exceptionnelle et il parvient parfaitement à restituer à échelle réduite les contours des régions. Son apprentissage est un succès il devient un cartographe reconnu et respecté.

Le cartographe des Indes boréales est un long voyage de la France à la Suède, d’Amsterdam à la Laponie en passant par le Portugal. L’une des missions d’Izko, espion du roi de France, est de cartographier la Laponie, contrée boréale qui regorge de ressources naturelles à exploiter. Il multiplie les séjours sur place, se lie d’amitié avec la population. Il a des relations intimes avec des femmes et noue un réel attachement pour ce peuple. Izko est néanmoins au cœur de guerres de religion, l’évangélisation des lapons est à l’œuvre leur culture est en voie d’éradication. L’entente entre catholiques français et protestants suédois et hollandais est de circonstance et de façade. Les enjeux politiques dépassent souvent Izko qui toute sa vie durant reste sous l’influence des juges bordelais. Il ne revient qu’épisodiquement à Saint-Jean de Luz. C’est la période de l’Inquisition, les procès en sorcellerie se multiplient afin de déceler et d’anéantir les croyances locales ancestrales. Izko est un élément clé du dispositif répressif avec ses relations nombreuses avec différentes personnalités. Il est un brillant cartographe au service du pouvoir qui avance systématiquement masqué. Sa vie familiale est souvent heurtée, il cache sa foi mais est victime de chantage et de menaces. Pour protéger les siens Izko est contraint de mentir et souvent de jouer double jeu. Voici un bref extrait du roman roboratif qui rend compte d’une visite de Jacques de Mons à la famille Detcheverry : « Jacques de Mons attendait devant la grande cheminée. Il avait déposé sa cape trempée sur une chaise et tournait le dos à l’âtre. Il jeta un coup d’œil appuyé à Alaia. Elle le lui rendit, sans ciller, et quitta la pièce. Izko servit un verre de vin à l’intendant. Il avait dû comme d’habitude laisser son escorte au château d’Urtubie. De Mons vida la coupe presque d’un trait. Avec une avidité qu’Izko ne lui connaissait pas. Pour la première fois aussi, il le vit sourire. Un sourire innocent, vrai, sincère, qui déformait son visage et le rendait plus laid encore tant celui-ci n’était pas fait pour cet exercice. »

Le cartographe des Indes boréales est un roman épais et touffu. Les nombreux personnages qui peuplent ces pages se déroulant sur plusieurs décennies sont de différentes nationalités et côtoient le protagoniste. La narration est fluide même si le lecteur se perd parfois dans les arcanes de ces histoires lapones. L’auteur s’appuie sur une documentation historique sérieuse pour raconter cette fiction nordique agrémentée d’illustrations et de cartes.

Voilà, je vous ai donc parlé du Cartographe des Indes boréales d’Olivier Truc paru aux éditions Métaillié.

Olivier Truc - Le cartographe des Indes Boréales

http://www.youtube.com/watch?v=CFGSAWwdgqI

Evocation du roman par l'auteur