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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Poste restante

Un récit sur la poste et son évolution

Un récit sur la poste et son évolution

Aujourd’hui je vais évoquer Poste restante récit désappointé de Christian Authier. Dans cet ouvrage nostalgique le romancier quinquagénaire évoque sa famille, son histoire personnelle et son lien d’attachement vis-à-vis de La Poste ; il dresse un portrait cruel de l’évolution récente de cette institution en perte de sens.

Dès le début de Poste restante Christian Authier précise une donnée biographique importante : « je suis donc né et j’ai grandi au sein d’une famille de postiers, métier qu’ils exerceront toute leur vie jusqu’à leur départ à la retraite. » Il est fils de facteurs et a naturellement durant sa jeunesse alors qu’il était étudiant profité des opportunités de travaux estivaux à la poste de Toulouse. Il raconte ainsi de l’intérieur son activité au sein du service du tri et décrit les tâches à effectuer. C’est l’occasion pour lui d’évoquer les grandes heures de ce qui s’appelait alors les PTT. Les missions de service public de cette entreprise étaient liées à la distribution du courrier postal et aux communications téléphoniques. Sous un gouvernement socialiste les deux entités ont été séparées et La Poste (qui n’avait pas encore ce nom-là) a commencé sa mue et sa diversification vers des activités de banque et d’assurance. Mais le rythme des évolutions s’est accéléré récemment et avec la dématérialisation des échanges le volume de courrier postal a chuté drastiquement (malgré la résistance des colis). Ainsi l’entreprise s’éloigne de ses missions princeps et à présent distribue des repas, noue des contacts sociaux (payants) avec la population isolée, propose de nouveaux services d’affranchissement toujours plus chers et moins efficaces. Il faut aussi constater comment les tournées sont à présent organisées par des algorithmes qui ne prennent pas en compte la réalité du terrain. Pourtant chacun s’accorde : « la figure du postier et plus encore celle du facteur est parfois le dernier lien concret, vivant, humain qu’entretiennent des Français – isolés, souvent âgés – avec l’administration, avec la République, avec cette communauté nationale dont ils sentent exclus, relégués. » Force est de constater que ces évolutions ne convainquent pas l’auteur qui met en exergue la perte de sens accentuée par le développement dans les bureaux de poste des automates qui remplacent les guichetiers. Dans les pages de ce récit il évoque les heures de gloire avec l’Aéropostale et ses aviateurs pionniers, il raconte l’aventure brève des TGV postaux, montre la résistance des cartes postales dans les échanges papiers. Il consacre un chapitre aux timbres et à la philatélie qui est devenue un loisir désuet, il écrit, désabusé, : « le cachet de La Poste fait toujours foi, il a juste perdu ses jolis artifices pour devenir purement fonctionnel. » En conclusion l’auteur précise : « banalement, en vieillissant, j’ai découvert après tant d’autres que l’on ne quitte jamais vraiment le pays de son enfance. Oui, je suis un enfant de La Poste. »

Poste restante est un livre personnel très intéressant qui résonne en chaque lecteur. La documentation est précise et sérieuse ; certes le ton est très nostalgique mais le texte n’est pas plaintif, c’est une ode à l’écrit, à la correspondance et à un corps de métier qui a longtemps représenté un lien fort pour toute la population hexagonale. Pour l’auteur ce témoignage est également en filigrane un hommage à ses parents et à leur dévouement au service du public.

Voilà, je vous ai donc parlé de Poste restante de Christian Authier paru aux éditions Flammarion.

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