Vivre nu

Un livre sur le naturisme raconté par une pratiquante convaincue

Aujourd’hui je vais évoquer Vivre nu récit intime de Margaux Cassan. Cet ouvrage atypique est une ode au naturisme étayé sur une réflexion autour de l’histoire de ce mouvement.

Margaux Cassan est philosophe et elle explique d’où elle vient : « mes grands-parents, mes parents, mon oncle et ma tante, leurs frères et sœurs, mon cousin et moi, formons une famille classique de naturistes : issus de ma classe moyenne communiste, devenus hippies, fonctionnaires, puis habitués des campings du Vaucluse. » La jeune femme raconte son parcours en lien avec la nudité depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Il est clair que la nudité est un mode de vie qui lui a été inculqué par son éducation familiale. Si elle indique qu’à l’adolescence lorsque le corps change, se féminise et se sexualise certains étés ont été moins propices à l’exposition dévêtue du corps au soleil, force est de constater que cette philosophie, cet art de vivre nu l’a vite rattrapée. Elle raconte l’attente avant de retrouver sa famille et de pouvoir abandonner les vêtements, ces oripeaux qui lui pèsent : « Bélézy est un club de vacances dans le nord du Vaucluse, au départ d’une route qu’empruntent péniblement les cyclistes qui tentent de gravir le mont Ventoux. » Bélézy est donc synonyme de liberté et de satisfaction ; le naturisme est une forme d’acceptation de soi, une mise à l’écart du jugement des corps, de leur harmonie et de leur beauté. Margaux Cassan dans son récit alterne la narration personnelle et quelques éléments plus factuels et historiques sur le développement du naturisme en France sous l’influence de pionniers allemands. Elle précise : « être naturiste, c’est avant tout être sobre : abandonner l’alcool, le tabac, la viande, le gras, la mode, comme autant de vieilles toxines qui nous encombrent. » Sa réflexion est intéressante, elle montre le côté transgressif du naturisme ; ce qui pour elle est parfaitement banal et assumé n’est pas vécu de la même façon par la plupart des « textiles ». Selon l’auteur : « à l’origine, le vêtement était une façon, pour les hommes, de se distinguer des bêtes. Le tissu revêtait le plus souvent une signification religieuse ou mythique, qui attestait d’un certain rapport au monde. Aujourd’hui, le vêtement est un marqueur social, géographique, de genre, d’âge, et cetera. » Par conséquent dès qu’elle le peut, tout en respectant les codes et les règles, elle s’affranchit de ces parures artificielles pour se retrouver aussi souvent que possible dans le plus simple appareil.

Vivre nu est un texte intéressant et original. Cependant l’hésitation constante entre le récit intime et la réflexion plus large autour de la nudité et son acceptation dans la société contemporaine rend difficile la catégorisation du livre et peut laisser le lecteur un peu désemparé. L’auteur mélange légèreté et sérieux pour défendre cette pratique qu’elle affectionne et qui contribue à son équilibre et sa santé.

Voilà, je vous ai donc parlé de Vivre nu de Margaux Cassan paru aux éditions Grasset.

https://www.youtube.com/watch?v=cZWBYFM4enE

Entretien avec Margaux Cassan