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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Les quatre vies d'un amour

Un roman d'amour extrême

Un roman d'amour extrême

Aujourd’hui je vais évoquer Les quatre vies d'un amour roman obsessionnel de Mathieu Terence. J’ai déjà eu l’occasion de lire plusieurs de ses premiers romans, le dernier texte lu de lui était Mina Loy éperdument œuvre biographique.

Les quatre vies d'un amour racontent une histoire d’amour passionnelle en quatre parties : l’idylle, l’amour, les retrouvailles et l’absence. Quatre saisons pour un bouleversement sentimental et sexuel, une fusion totale. Le récit s’organise en quatre temps, quatre lieux. Le narrateur précise : « je n’ai jamais eu envie d’écrire ce livre inévitable. Je ne saurais pas le refouler, pas plus que je ne saurais prendre acte de ta disparition. » Son histoire avec Ariane psychanalyste mariée à un comédien débute en 2011 avec leur rencontre et leur première escapade à Sils Maria. Leur aventure se poursuit en 2013 à Duino. En 2016, ils se retrouvent une dernière fois à Saint-Pétersbourg puis Ariane meurt en tentant de sauver de la noyade un enfant. Elle laisse son amant désemparé et seul avec son souvenir fantomatique. Leur parcourt géographique est littéraire, ils sont sur les traces d’auteurs célèbres. Après l’amour incroyable et la disparition tragique le survivant est confronté au vide et au néant. Les corps qui se sont aimés, ont formé ce Nous qui s’exprime dans le texte, sont désemparés. Il était plus jeune qu’elle, elle n’a pas osé quitter son mari pour vivre cet amour incandescent et explosif. Le style de ce roman est fait de jeux de mots, de références analytiques : « il nous faudrait quarante-huit heures pour nous laver du quotidien. De ses toxines, de ses affairements débilitants. Nous accélérons cette toilette en faisant l’amour. Retour à l’envie, retour à la vie. Baise de jour = bain de jouvence. On se retrouve, nous reprenons depuis la fin, nous refaisons connaissance. » Le personnage masculin est bouleversé par Ariane, elle remplit son cœur et ses pensées. Il affirme : « la quarantaine me semble être le moment de mettre le turbo. En termes de travail, et de cœur. L’amour ne doit plus être une quête, mais une œuvre. Non plus une expérience mais une science. Et puis la question de la paternité n’est plus à mettre sous le tapis. Ce n’est plus possible depuis ma mésaventure de neuf mois. » Sans le formaliser ni le verbaliser, les amants rompent mais jamais ne s’oublient. Ainsi quelques années après les premières joies : « je lui avais demandé par sms ce qu’elle voulait pour son anniversaire, demain. Sous-entendu : si elle voulait recevoir quelque chose de moi. Elle m’a juste répondu « te revoir ». Ça m’a ému. » Le narrateur solitaire revit les moments de joie avec Ariane, il se souvient et se remémore. Il indique : « j’ai vu le monde devenir ce grand hôpital de jour dont nul n’avait plus spécialement envie de sortir. Il faut dire que la vie, on en meurt. Est-ce que la somme des bassesses et des laideurs que tu as évitées suffit à me consoler ? Non. Aucune consolation. Un peu de paix, oui. (...). J’ai vécu rideaux tirés tout l’été de ta mort. Je sortais à peine, jeté dans ma déroute. Tu n’étais pas qu’apparences, tu fus tout entière apparition. La vie n’était plus pour moi que ce qu’est Verdun dans les mots d’une gueule cassée. (...). La musique, la psychanalyse, la paternité, trois expressions de ma personnalité restées en suspens jusque-là, aujourd’hui vécues. (...). L’année de ta mort, j’ai eu l’âge que tu avais quand je t’ai rencontrée. Dans trois ans tu seras plus jeune que moi pour toujours.

Les quatre vies d'un amour s’achèvent comme l’explique le narrateur car : « pour être accomplie, l’œuvre doit s’achever. Alors j’ai commencé hier à écrire la dernière saison de notre amour, celle de ton absence, interminable celle-là, celle du deuil et de ce qui lui succédera quand j’aurai fait le tour de ta mort. » Mais cela signifie vraisemblablement que la fin est impossible.

Voilà, je vous ai donc parlé des Quatre vies d'un amour de Mathieu Terence paru aux éditions Grasset.

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