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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

La vie sauvage

Un roman de Thomas Gunzig

Un roman de Thomas Gunzig

Aujourd’hui je vais évoquer le roman de Thomas Gunzig La vie sauvage. C’est une fable triste sur le monde moderne et la société de consommation. Cette fiction dénonce la perte de valeurs humanistes et l’omniprésence néfaste des réseaux sociaux. Ce roman raconte le retour en Europe d’un adolescent belge qui suite à un drame lorsqu’il était très jeune a passé plusieurs années en Afrique équatoriale.

Tout débute par le crash du vol AF267 entre Paris et Le Cap. L’avion s’écrase au sol au-dessus de l’Afrique et aucun survivant n’est retrouvé. Parmi les passagers figurent Charles et sa famille. L’enfant est tout petit, son corps n’est pas retrouvé dans les décombres contrairement à ceux de ses proches. Charles est le narrateur du roman, il prend souvent à partie le lecteur, voici comment il débute son récit : « j’aurais pu commencer cette histoire en racontant comment on m’avait cru disparu et mort et comment c’était faux. J’aurais pu commencer en racontant comment mon père et ma mère, eux, étaient bel et bien disparus et morts, dans cet ordre ou dans l’autre. Ça aurait certainement fait un bon début d’histoire, mais comme ce n’est pas le plus important, je raconterai tout ça plus tard. » Plusieurs années après le drame, un journaliste retourne sur les lieux de l’accident pour poursuivre son enquête et découvre qu’un adolescent blanc a grandi dans la nature environnante le lieu du crash. Ce pourrait être Charles qui serait ainsi l’unique survivant de l’accident aérien. Il est procédé à des analyses ADN et il s’avère qu’il s’agit effectivement de lui. Les autorités décident alors son rapatriement dans sa famille d’origine, chez son oncle, bourgmestre bien établi dans son village belge. La question de l’héritage dilapidé est posée à son retour. Mais les questions matérielles ne l’intéressent pas vraiment, l’oncle peut poursuivre ses magouilles. En quittant le continent africain Charles a abandonné Septembre sa dulcinée qui lui manque terriblement. Son leitmotiv sera de la rejoindre par tous les moyens au plus vite pour honorer sa promesse de vivre à ses côtés.

La vie sauvage raconte avec beaucoup d’humour noir et de dérision le retour à la lumière de celui qui a dû souffrir et affronter des drames incommensurables. Charles pose sur lui-même un regard distant et lucide. Il est accueilli à l’aéroport par l’assistante de son oncle qui le conduit dans la demeure familiale. Il va faire connaissance de sa tante, de son cousin et de sa cousine. Il est inscrit à l’école où le directeur l’introduit dans sa classe avec condescendance et compassion. Un des enjeux pour lui est de nouer des relations avec ses camarades et de s’intégrer au groupe de pairs. L’adolescent est invité à consulter la psychologue, à lui parler et à lui raconter ses souvenirs nécessairement traumatisants. La rumeur prétend qu’il a été enfant-soldat embrigadé dans une armée locale. En classe, Charles se confronte à sa professeure de français qui est dépassée par les connaissances littéraires approfondies de l’élève. En effet, il a grandi au milieu des livres de littérature et de poésie, il cite par cœur des passages de livres. Mais ceci ne correspond pas à ce qu’attendent les adultes qui veulent se porter à son secours. Charles lui ne rêve que d’une chose repartir et retrouver Septembre. Ce garçon tant dans sa famille qu’au lycée est un élément perturbateur, sa présence, ses gestes et son comportement, son influence réelle sur certains de ses acolytes, vont conduire à de nombreux dérèglements. Voici ce qu’il dit : « depuis mon arrivée ici, dans cette maison maudite, dans ce pays maudit, j’avais commencé à mettre en place tous les éléments d’un plan incertain et fragile. Il m’aurait sans doute fallu plus de temps pour être certain que tout fonctionne, mais je ne pouvais plus attendre. J’allais devoir apporter les derniers éléments le plus rapidement possible. J’allais devoir faire ça dès ce soir. » La psychologue est débordée et ne se rend pas compte qu’elle est manipulée ; la professeure est sous le charme vénéneux et délétère de Charles ; elle fait une tentative de suicide. Il piège également sa tante qui comme les deux autres femmes se retrouve contrainte d’obéir à ce pervers manipulateur. Charles est intelligent et doué, il apprend vite à détourner les réseaux sociaux à son bénéfice et à faire chanter ses victimes. Détenant des vidéos compromettantes où il s’est mis en scène sexuellement avec elles, il les menace, si elles ne lui versent pas les sommes faramineuses qu’il exige pour mettre à exécution son plan de retour à La vie sauvage, de diffuser ces scènes dérangeantes.

Ce roman est piquant, c’est une fable dont la morale est sombre. Le verdict sur la société occidentale est violent, le protagoniste ne parvient pas à s’adapter au monde urbain frénétique et pollué qu’on lui propose. Pour obtenir le retour sur sa terre de liberté loin des contraintes européennes il doit agir lui-même avec violence et perversité.

Voilà, je vous ai donc parlé de La vie sauvage de Thomas Gunzig paru aux éditions Folio.

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