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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Romain Gary

Une biographie de Romain Gary

Une biographie de Romain Gary

Aujourd’hui ma chronique est consacrée à Romain Gary la biographie éponyme écrite par Dominique Bona publiée en 1987. La vie de celui qui est né en Russie sous l’identité de Roman Kacew en 1914 et qui se suicide à Paris en 1980 est un véritable roman d’aventure. Par conséquent, cette reconstitution des principaux moments de son existence est absolument passionnante. Cette biographie, même si depuis de nouveaux éléments ont pu être révélés permet de comprendre qui était Romain Gary, ce personnage fascinant aux multiples facettes. C’est dans La promesse de l’aube son texte le plus autobiographique où il évoque son enfance et ses jeunes années sous forme romancée et parfois exagérée qu’il a évoqué le plus sa vie romanesque.

Pour résumer en quelques mots cet homme affabulateur voici quelques qualificatifs appropriés : aviateur, résistant, compagnon de la libération, gaulliste, diplomate, écrivain, cinéaste, mystificateur. Cette liste non exhaustive constitue une synthèse de ses principales activités. Romain Gary est le fils unique d’une mère juive, Nina. Elle sera l’une des femmes de sa vie. Il est né à Wilno, il grandit en Pologne, s’exprime en russe. Sa mère qui l’élève seule désire le meilleur pour Roman. Elle décide de s’exiler en France et s’installe à Nice alors que son fils n’est encore qu’un enfant. Toute sa vie il jonglera avec les différentes langues qu’il pratique. Sa mère a pour lui des rêves de grandeur, elle est certaine qu’il aura un destin exceptionnel. Il est étudiant et veut devenir aviateur, voler à bord d’engins merveilleux. Lors de ses études il écrit ses premiers textes, il publie des nouvelles dans Gringoire. C’est pour Nina le signe de la notoriété naissante. Déjà l’écriture et l’aviation caractérisent celui qui va choisir Gary comme pseudonyme. Romain fait partie des premiers à déserter les rangs de l’armée défaite et à rejoindre les troupes françaises réfugiées en Angleterre. Il sera dès lors un fervent partisan de De Gaulle. Et le restera toute sa vie, même quand cela sera moins salué. C’est à Londres que le séducteur invétéré rencontre Lesley Blanch, son aînée, écrivain qui deviendra sa première épouse. Il aime les femmes et son œuvre leur rend largement hommage. Après la guerre il devient diplomate. Sa trajectoire est ainsi résumée par l’auteur : « Romain Gary se pénètre d’un nouveau rôle : après celui de l’adolescent marginal, de l’étudiant au génie ténébreux, puis du héros baroudeur, il interprète un personnage plus classique, et très français – le diplomate écrivain, figure de haute tradition à laquelle Paul Claudel ou Saint-John Perse ont récemment donné ses lettres de noblesse. » Il occupe différents postes au Quai d’Orsay et à l’étranger. Mais son caractère entier, ses prises de paroles nuiront à son parcours. Cependant, il faut noter que son passage aux Etats-Unis, notamment lorsqu’il est en poste à l’ONU est mémorable. Gary est un diplomate peu traditionnel et orthodoxe, dilettante, plus occupé par son œuvre littéraire que par sa mission diplomatique. Il démissionnera et abandonnera la carrière qui s’offrait à lui. Les premiers succès littéraires le ravissent. Il est désormais avec une jeune actrice américaine talentueuse : Jean Seberg. Dominique Bona décrit ainsi la jeune femme : « Elle est blonde, pâle et claire, près de ce Consul de France qui ressemble à un Mexicain. Ses cheveux ont la teinte d’or des Vénitiennes, ce blond roux que Gary donne à toutes ses héroïnes. Elle a les yeux gris-vert, comme dans son souvenir Nina, et un nom prédestiné, puisqu’elle s’appelle Seberg : See en suédois veut dire mer, Berg montagne, Mer-Monts – comme le foyer de Romain à Nice – il y a de la magie dans cette alliance. » Leur rencontre lors d’une réception officielle est un véritable coup de foudre. Elle est également mariée, mais ils deviennent inséparables. Leur couple glamour est l’objet d’attention de la presse. Ils se marieront discrètement en Corse. Gary a reçu le prix Goncourt alors qu’il est en poste en Bolivie pour Les racines du ciel en 1956. Sous le pseudonyme d’Emile Ajar il sera à nouveau récompensé en 1975 pour La vie devant soi. Mais ceci est l’histoire de la fin de sa vie qui constitue la dernière partie de la biographie. Jean et Romain auront un fils Alexandre-Diégo dont Romain s’occupera avec attention et tendresse jusqu’à l’émanciper lors de ses dix-sept ans. C’est une des passions absolues de sa vie. Après une dizaine d’années de bonheur absolu, Gary et Seberg se séparent malgré l’éternelle affection  qui les lie. Elle est devenue activiste au profit des minorités noires aux Etats-Unis. Son suicide touche Gary à vif, il est déstabilisé par les rumeurs dégueulasses et rend un hommage mérité à son amour défunt.

Une des angoisses récurrentes du protagoniste est la peur de vieillir, il craint la décrépitude et les ravages de l’âge. Voici un bilan de la biographe au moment de la maturité : «  à cinquante-sept ans, l’écrivain s’est forgé une image internationale : ses quinze romans, traduits non seulement dans toutes les langues européennes, du finnois au serbo-croate, mais aussi en américain, en japonais et en hébreu font désormais partie des bibliothèques universelles. Romain Gary est un auteur à vocation cosmopolite, dont les voyages entretiennent le mythe, mais qui l’aident surtout à fuir une image fixée dans le VIIe arrondissement cossu et à ne pas se figer dans la pose d’un vétéran, Commandeur des Lettres. » Malgré ses succès passés il s’ennuie, la dépression le guette, le public et la critique le boudent. Alors, le formidable conteur va élaborer une ruse dont au départ il ne mesure pas les conséquences. Sous une nouvelle identité il va proposer à son éditeur un roman différent des œuvres de Gary. Ce sera Gros-Câlin écrit par Emile Ajar. Romain Gary est Emile Ajar mais personne ne doit le savoir. Et pour donner corps à la supercherie il va solliciter son neveu Paul Pavlowitch pour incarner le personnage de l’écrivain Emile Ajar. Ce scandale ne sera dévoilé qu’après le suicide de Gary qui jusqu’au bout assume le contrôle de la situation.

Cette biographie est constituée de nombreux extraits des œuvres de Gary et d’Ajar et s’appuie sur des témoignages recueillis par Dominique Bona auprès de ses proches. Gary/Ajar est fascinant, sans doute davantage pour l’extraordinaire supercherie littéraire qu’il a organisée et menée à bien que pour ses textes eux-mêmes. Aujourd’hui encore, plus de trente ans après sa disparition il demeure un homme exceptionnel et un écrivain passionnant.

Voilà, je vous ai donc parlé de Romain Gary de Dominique Bona paru aux éditions Folio.

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