La sexualité qui vient

Un essai passionnant sur les relations intimes de jeunes

Aujourd’hui je vais évoquer La sexualité qui vient essai roboratif sous-titré Jeunesse et relations intimes après #Metoo sous la direction de Marie Bergström. La sociologue a notamment publié Les Nouvelles lois de l’amour.

Tout d’abord il faut signaler que l’édition et la mise en page de l’essai sont de grande qualité, les graphiques et statistiques sont présentés de façon didactique et les illustrations aèrent le texte parfois dense. La sexualité qui vient est le résultat d’une grande enquête conduite par l’Ined (institut national d’études démographiques) auprès de 10 021 personnes âgées de 18 à 29 ans résidant en France métropolitaine. Les données ont été recueillies en 2023 par téléphone par une soixantaine d’enquêteurs de l’institut Ipsos. Toute la méthodologie est détaillée dans la quatrième partie de l’ouvrage ; ces éléments théoriques permettent de comprendre la rigueur scientifique de l’enquête et la valeur représentative des données collationnées. De nombreux chercheurs ont contribué à cette recherche qui tend à fournir une photographie précise des relations intimes parmi la jeunesse (tout type d’orientation sexuelle et de pratiques confondus) après la libération de la parole des femmes et dans des temps où le numérique s’invite dans les modalités d’entrée en relation. Le résultat de La sexualité qui vient est absolument passionnant, les dizaines de statistiques recueillies et analysées permettent d’élaborer un tableau précis par le prisme des relations que les chercheurs ont catégorisées selon quatre axes : couple, coup d’un soir, relations suivies (situées quelque part entre les deux précédentes) et relations envisagées. Le tout est analysé à l’aune de données classiques telles que l’âge, le sexe, le milieu social d’origine, la religion. Les pratiques, les préférences, les rapports de domination ou la violence sont décryptés. Le rapport aux applications de rencontre, le rapport au genre, la santé mentale, la définition de la conjugalité, l’hétérocentrisme sont autant de notions qui sont questionnées. Certaines idées reçues sont déconstruites (le désintérêt des jeunes pour le sexe ou pour le couple, la lassitude vis-à-vis des applications de rencontre), des chiffres actualisés sont disponibles (âge au premier rapport, prépondérance du célibat, écarts entre garçons, filles et non-binaires). Il est impossible de résumer tous les résultats mais il est facile de papillonner dans l’ouvrage et de retrouver quelques données clés.

La sexualité qui vient est comme le précisent les auteurs une enquête prototype d’un genre nouveau, les chiffres ne sont pas toujours comparables avec d’autres enquêtes (en population générale ou plus axée sur les pratiques sexuelles par exemple) et l’objet est bien de se focaliser sur les relations intimes des jeunes en scrutant leurs pratiques et représentations. La construction de l’essai est didactique et il est possible de sauter d’un chapitre à l’autre en fonction des sujets d’intérêt.

Voilà, je vous ai donc parlé de La sexualité qui vient de Marie Bergström paru aux éditions La Découverte.