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11 Avril 2025
Aujourd’hui je vais évoquer La plus que lente roman délicat de Jérôme Aumont.
Le titre du roman est une référence musicale explicitée ainsi : « La Plus que Lente de Claude Debussy. Une merveille, cette valse ! Je te la ferai écouter. Elle n’est pas si lente que ça d’ailleurs. » Le protagoniste s’appelle Nicolas et le récit de sa vie est découpé en quatre chapitres qui correspondent à autant d’étés qui ont marqué son parcours, ses amitiés et ses choix de vie. Il alterne joies et incompréhensions, regrets et bonheurs. Les années témoin sont les suivantes : 1978, 1990, 2004 et 2020. Chaque saison estivale est marquée par un lieu, souvent en Normandie, et des maisons. Durant l’enfance Nicolas est ami avec Marc gamin de son âge et ensemble ils tissent un lien très fort qu’ils imaginent éternel. A ce moment : « Nicolas a douze ans et ne voit aucune raison pour que cela change. Il n’y aura pas d’autre enfant après lui. Être fils unique n‘est pour lui ni une souffrance ni une promesse de privilèges. C’est un état qui lui a été imposé, avec lequel il compose. » Les deux garçons nagent dans la rivière et échappent à la surveillance parentale pour se réfugier dans une grange où ils se livrent à de tendres attouchements innocents. Nicolas devenu jeune adulte s’éloigne de sa famille tout en restant très attaché à sa grand-mère. Jamais le spectre du sida n’est évoqué mais incontestablement il découvre la sexualité pendant l’apogée de l’épidémie. Il rencontre Christian avec qui il va vivre malgré l’infidélité et la séduction ; il devient professeur et demeure assez solitaire, peut-être un peu sous l’emprise de son compagnon. Les années passent : « Nicolas a trente-huit ans et va vivre son dernier été avec Christian. Il a commencé à inventorier les étapes présageant le lent effacement de leur amour mais leur prête encore une attention distraite. Pour lui les vacances viennent de commencer, il a donné ses derniers cours, corrigé les épreuves du bac, fait passer les oraux et pris ses quartiers dans la maison de la plage. (...). Mais Nicolas a trente-huit ans. Trop de décisions lui ont échappé. L’autorité naturelle de Christian a présidé à tous les choix. Il est le bailleur de fonds de leur union. Et s’il le quittait demain ? » Son partenaire débarque avec un jeune homme resplendissant, l’épreuve est assez humiliante. Nicolas pour la dernière saison est quinquagénaire, ses parents sont morts, il est redevenu célibataire à l’heure du bilan de son existence. Des drames ont émaillé sa vie. Alors qu’il doit se résoudre à vider la maison de ses défunts parents, épaulé par Marc il va découvrir un lourd secret de famille qui lui a été épargné jusque-là et qui explique sans doute son caractère et sa mélancolie.
La plus que lente est un roman comme une valse à quatre temps, tout de sensibilité et de douceur. La fragilité du protagoniste est touchante, cet homme a réussi à aimer et être heureux malgré certaines relations familiales difficiles mais avec une réelle tendresse notamment vis-à-vis de sa grand-mère.
Voilà, je vous ai donc parlé de La plus que lente de Jérôme Aumont paru aux éditions Christian Bourgois.