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12 Avril 2025
Aujourd’hui je vais évoquer Hiromi roman autobiographique et nippon de Florent Dabadie.
Le narrateur, Florent est un français quinquagénaire qui a longtemps vécu et aimé au Japon et qui dans ce texte en deux parties (elle et nous) dresse un tombeau de mots pour celle dont il n’a pas précisément connu les failles et les souffrances mais qu’il a infiniment aimé, la seule femme avec laquelle il a longtemps été en couple. A la fin de leur histoire, alors que la femme s’éloigne dans les limbes d’une maladie mentale qui s’origine dans l’enfance, il a le devoir de mémoire et compose le portrait d’un pays, d’une culture et d’une amante. Il fuit pour se protéger et ce roman est en quelque sorte l’ultime acte d’amour bienveillant. La protagoniste féminine : « Hiromi est née là-bas, au printemps 1967. Son père, Hiro, est un pêcheur-restaurateur cyclothymique à la réputation sulfureuse. Il tient une petite auberge de vacances dans une crique, à cinq kilomètres au nord du village d’Obama. (...). Takako, la mère, marche toujours deux pas derrière son mari. Elle n’a pas son mot à dire à la naissance de leur première fille, le père a tranché, elle s’appellera Hiromi. » Le narrateur recompose un journal chronologique et fait en quelques phrases des bonds de plusieurs années. Ainsi : « La famille Nakamura prend le train fin février 1984 pour un voyage d’une dizaine d’heures. Ils rejoignent d’abord Maibara, d’où ils prennent le Shinkansen jusqu’à Tokyo. » Plus tard : « Hiromi a vingt et un ans et elle ne se reconnait pas. Le Japon ne l’a jamais fascinée. Le riz blanc et le thé vert ne sont pas dans son sang, elle ne veut pas marcher trois pas derrière un mari indifférent, ni travailler à vie dans une entreprise gigantesque. » Elle s’éloigne de sa famille et de son pays. La jeune femme travaille dans le monde de l’art contemporain, elle épouse un riche sud-africain qui vit en Australie et achète de nombreuses œuvres d’art. Malgré sa réussite et son talent Hiromi n’est pas vraiment heureuse. Elle rencontre Florent lors d’un vernissage, n’est pas libre, se fait désirer. Pourtant les trentenaires vont se séduire et débuter une formidable histoire d’amour interculturelle qui va durer quinze ans. Parfois Hiromi s’échappe ou disparait, elle se réfugie seule dans sa dépression et son vague à l’âme parfois violent. Le narrateur, journaliste (sportif) officiant sur des chaines japonaises précise : « j’avais toujours su que ma vie à Tokyo ne serait qu’un passage, que je reviendrais un jour à Paris. C’était ma ville, mon identité. Le Japon n’était qu’une famille d’accueil. » Selon le même procédé narratif il avance dans le temps jusqu’à la rencontre avec Hiromi : « cela faisait dix ans que je m’étais installé à Tokyo. J’allais avoir trente-trois ans. Plus j’attendrais, et plus il serait difficile de revenir en France. (...). Je me suis lancé corps et âme dans une relation dont je ne lisais rien. » Le couple binational est épanoui, malgré le jardin secret de la femme qui dissimule les failles de son histoire familiale. Cependant : « depuis le début de notre histoire, Hiromi m’avait promis que si la passion avait une fin, l’amour entre nous ne serait jamais ordinaire. (...). J’avais trente-sept ans. Je voulais être l’homme parfait pour elle, fonder une famille, avoir un enfant peut-être. Pour l’aimer entièrement, je mettais tout en œuvre. » Encore quelques années et c’est la séparation, le triste aboutissement de cet amour magnifique.
Hiromi est un roman d’amour tourmenté, un hommage à une femme, au Japon ainsi qu’aux parents disparus de l’auteur. Ce texte est touchant même si parfois l’excès de références à des lieux du Japon et à l’art contemporain est dommageable.
Voilà, je vous ai donc parlé d’Hiromi Florent Dabadie paru aux éditions Stock.
Entretien avec Florent Dabadie
Chronique sur un roman avec un autre couple binational
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