Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.
13 Avril 2025
Aujourd’hui je vais évoquer Bonampak texte original et assez fascinant de Lætitia Bianchi. Bonampak est le nom d’un site archéologique maya célèbre situé dans la région du Chiapas au Mexique. Il s’agit du seul site où des peintures polychromes ont été trouvées. Bonampak mêle enquête historique sur la découverte, raconte quelques légendes et dit la fascination pour ce lieu merveilleux parfois anachroniquement comparé aux fresques de la Chapelle Sixtine.
Dès les premières pages Lætitia Bianchi s’interroge : « pourquoi Bonampak ? Pourquoi m’étais-je retrouvée un matin à Bonampak, seule, éblouie, dans la lumière blanche de la forêt lacandone ? » Sa visite est le point de départ de cette reconstitution qui navigue d’aujourd’hui à la seconde guerre mondiale, de la Conquête espagnole permettant la domination ce qui n’est pas encore le Mexique à l’apogée de la civilisation maya. Il faut préciser que quasiment tous les écrits mayas ont été systématiquement détruits ; les connaissances scientifiques (notamment astronomiques) ont été perdues. En Allemagne un des textes a failli disparaitre en 1945 : « le codex de Dresde est dans un coffre-fort, dans une chambre forte du sous-sol, et il attend le feu et le déluge dont parlent ses pages. La ville devient cendres et boue. Le feu des bombardements fait exploser les canalisations. L’eau se déverse, et ces trombes d’eau ne sont pas suffisantes pour éteindre la tempête de feu. Mais sont suffisantes pour inonder les sous-sols de la bibliothèque de Dresde. L’eau entre dans le coffre-fort renfermant le livre. » Lætitia Bianchi raconte la période avant la découverte au début des années de la seconde guerre mondiale quand la région est en proie à l’appétit des américains : l’exploitation des forêts pour l’acajou, les forages pétroliers et les saccages des terres arables pour planter des bananes qui inondent le monde par le biais de la fameuse UFC (United Fruit Company). Quelques explorateurs ont des contacts avec les lacandons (ceux qui n’ont pas été exposés dans un zoo humain à Guatemala City) qui leur indiquent où se trouvent des vestiges de leurs ancêtres enfouis sous la végétation luxuriante. L’auteur raconte les avancées, les premières pierres dégagées, les rivalités entre archéologues. Et puis Bonampak (dont le nom est une création occidentale) est mis à jour : « ce 6 février 1946, ils avaient donc trouvé sans trouver. Ils avaient exploré en long en large et en travers les lieux, cartographiant, mesurant, photographiant. Ils étaient passé à quelques pas du trésor : à trente-sept mètres exactement ! Ils : Carlos Frey et Chanbor et Acasio Chan et Luis Huichin et John Bourne. » Les journaux intimes des protagonistes sont au cœur du récit trépidant dans la touffeur de la jungle entre deux crises de malaria. Plus tard ils parviennent dans : « le temple aux peintures, le petit bâtiment aux trois ouvertures, solide mais pas bien grand, posé sur le flanc de la pyramide : on ne le voyait pas. » C’est l’émerveillement face à cette beauté conservée par-delà les siècles ils sont éblouis. Depuis le lieu est devenu touristique, davantage encore probablement depuis la construction d’une route pour y accéder.
Bonampak est assez déroutant au début, il n’est pas toujours simple de savoir qui parle, mais progressivement tout se met en place et Lætitia Bianchi réfléchit à l’histoire qu’elle a devant les yeux, tente de comprendre les aléas qui ont frappé la région, les exterminations des populations autochtones, la domination colonialiste (espagnole à l’origine puis états-unienne). Le résultat est une plongée dans cette forêt mystérieuse au contact d’une civilisation disparue.
Voilà, je vous ai donc parlé de Bonampak de Lætitia Bianchi paru aux éditions Verticales.