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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Les morts à l'œuvre

Les morts à l'œuvre

Aujourd’hui je vais évoquer Les morts à l'œuvre essai de Vinciane Despret. Cette philosophe a déjà publié des ouvrages autour du thème de la mort. Cette fois elle s’intéresse à la permanence possible des morts à travers la réalisation d’œuvres d’art à vocation commémorative.

Les morts à l'œuvre ce sont cinq histoires dont Vinciane Despret témoigne. Chacun des chapitres débute par des formules similaires comme : « Où devrions-nous commencer à raconter l’histoire ? » Dans le prologue l’auteur explique le dispositif et l’ambition des Nouveaux Commanditaires. Cette association à laquelle participent des artistes et des médiateurs propose la rencontre entre des vivants (les rescapés, la famille, le village) et des artistes (plasticiens, sculpteurs, musiciens) pour rendre hommage à des disparus plus ou moins récents. La particularité de ces protocoles est bien la mise en relation entre des artistes et des demandeurs qui vont ensemble discuter et définir un projet en adéquation avec la volonté de mémoire. Il faut savoir que le souvenir relatif aux disparus (à l’exception des personnages publics renommés) est de l’ordre de cent ans, à peine quatre générations. Ériger un monument est un moyen de stimuler la mémoire et d’éviter l’oubli. L’intérêt de l’essai réside dans les explications de l’auteur qui montre comment les morts agissent et continuent d’exister à travers même le choix de la forme de l’œuvre retenue. Il faut lire sans a priori, il ne s’agit pas d’ésotérisme ou de spiritualité cabalistique, simplement des évidences sont exposées. La démarche des Nouveaux Commanditaires est intéressante ; commémorer les morts autrement que sur une tombe est un moyen pour les vivants de mieux vivre, de ne pas se morfondre dans la douleur ou le chagrin. Les cinq histoires sont singulières et universelles et montrent le pouvoir des morts qui intercèdent et poussent les descendants à agir et à inscrire dans la durée le souvenir. L’auteur utilise la formule : « les morts insistent » ce qui signifie que tant qu’ils ne sont pas satisfaits ils perturbent les vivants, leur délivrent des injonctions à agir. Les liens entre l’art et la mort sont ici sublimés. Le propos n'est pas de porter un jugement sur les œuvres (un pont, un obélisque, une symphonie, un jardin) mais bien de réfléchir autour de la signification de ces actes. Il est des morts (on pense aux victimes d’attentats) que l’on n’oublie pas dans la mémoire collective mais dont la singularité personnelle n’est pas gardée, ici les parents d’un jeune homme rencontrent un musicien tissent des liens avec les passions de leur fils défunt et contribuent à la réminiscence du souvenir.

Les morts à l'œuvre est un texte assez exigeant et profond. Plusieurs niveaux de lecture sont possibles : du simple point de vue artistique avec la démarche de commander une œuvre à un artiste pour assurer une forme de postérité à l’analyse plus intime du rôle des morts dans la conduite des vivants.

Voilà, je vous ai donc parlé des Morts à l'œuvre de Vinciane Despret paru aux éditions Les empêcheurs de penser en rond.

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