Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Avalanche

Premier roman sur l'adolescence

Premier roman sur l'adolescence

Aujourd’hui je vais évoquer Avalanche le premier roman de Raphaël Haroche, surtout connu comme chanteur sous le seul prénom de Raphaël. Ce texte est une évocation sensible de l’adolescence de deux frères marqués par la disparition de leur mère.

Avalanche se déroule en 1989. Le narrateur de cette histoire intime se prénomme Léonard il a quinze ans. Il explique : « mère est morte, un accident de voiture, un camion arrêté sur le bas-côté, les feux éteints, une soirée ordinaire, rien d’exotique, à deux kilomètres de la maison, une route de mort au carrefour Meyrin-Croix-Rousse, je ne vois plus bien son visage, il a tendance à s’effacer. » Suite à cet accident ce gamin d’origine juive est recueilli avec son frère par sa bonne-maman babouchka ukrainienne tandis que son père part travailler en Guyane loin de ses garçons endeuillés et fragiles. Tous les deux vont être scolarisés à l’internat des Rochers, en Suisse, un établissement pour la progéniture de très riches qui n’ont ni le temps ni l’envie de s’occuper de leurs enfants. Nicolas et Léo vont débarquer dans cet environnement à la fois protégé et hostile et y partager (privilège) la même chambre. Sur cette institution Léo précise : « une réunion des parents d’élèves, si elle avait lieu, ressemblerait à une audience préliminaire de la Cour pénale internationale. » Certes son propos est excessif mais force est d’admettre que le lieu n’est pas un havre de paix. Nicolas est un enfant musicien, il est spirituel et religieux et garde un contact avec sa mère par l’intermédiaire de ses prières et de ses évocations. Son frère le décrit ainsi : « les notes s’envolent dans la nuit au-dessus de son lit, c’est sa manière de prier, un petit saint aux cheveux collés sur l’oreiller, il laisse résonner la symphonie céleste qu’il a dans la tête, des portées se tissent, s’entremêlent, l’aident à creuser un trou dans les murs, le plafond de l’internat. » Il subit sous l’indifférence de son aîné un bizutage corsé, il est un bouc-émissaire facile pour les plus grands qui le méprisent. De son côté Léo est perturbé, il noie son chagrin dans des débordements alcoolisés et sexualisés. Sa tristesse s’exprime avec une dépression latente qu’il verbalise ainsi : « il y a bien longtemps que je n’aime plus mes anniversaires, à quoi bon les fêter quand celle qui vous a mis au monde n’existe plus. » Ils sont, tous les deux à leur façon, inconsolables de la mort de leur mère. Ils tentent de se construire, de se forger une identité en vivant quelques expériences (randonnée sous la neige, mime de la mort, scène de la grand-mère qui vient les chercher) au cours de ces mois hivernaux dans ce pensionnat peu chaleureux. Léo constate amer : « on peut baiser avec n’importe qui, mais dormir dans les bras de quelqu’un, c’est comme connaître ses rêves. »

Avalanche est un roman qui s’inscrit dans l’époque de l’intrigue avec une bande son qui rappelle des souvenirs musicaux datés. La confrontation entre différents milieux sociaux, la honte des déclassés et les conséquences d’une perte irremplaçable en devenant orphelin sont bien mis en scène. Ce texte est intéressant sans être totalement inoubliable.

Voilà, je vous ai donc parlé d’Avalanche de Raphaël Haroche paru aux éditions Gallimard.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article