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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Que reviennent ceux qui sont loin

Un joli roman breton au goût de madeleine

Un joli roman breton au goût de madeleine

Aujourd’hui je vais évoquer Que reviennent ceux qui sont loin roman émouvant de Pierre Adrian. Le titre lui-même est nimbé d’une évidente nostalgie. Le narrateur tient la chronique d’un été en Bretagne auprès des siens dans la grande maison de famille.

Le roman commence par ces phrases liminaires : « je ne revins pas à la grande maison par hasard. On ne retourne jamais quelque part par hasard. Secrètes sans doute, j’avais mes raisons après tant d’années de revoir la grande maison au mois d’août. (...). Longtemps j’avais préféré des pays plus lointains, des mers qui étaient chaudes et me semblaient plus belles. J’avais abandonné la grande maison, certain qu’elle serait là pour toujours. Elle n’avait pas besoin de moi. Elle m’attendrait de toute façon. » Le narrateur est un jeune homme d’une trentaine d’années ; après plusieurs étés loin de sa famille, il revient sur les lieux de son enfance. C’est comme si après cette parenthèse amicale à l’écart du cocon familial il éprouvait le besoin naturel de se ressourcer. Le mois d’août est celui de la lumière et de tous les possibles. Certes, les jours raccourcissent mais il fait encore beau et il est possible de profiter des plaisirs balnéaires et de la suavité estivale. Une fois arrivé au début du mois à Brest il monte dans un bus qui l’amène au village où il retrouve la bâtisse inchangée, inoxydable au temps qui passe et les membres de sa famille regroupés autour de la grand-mère. Les parents, la grand-mère, les oncles, les tantes, les cousins, les neveux et les nièces, ils sont tous là, de passage quelques jours ou pour le mois entier avant la rentrée et le retour à Paris ou ailleurs loin de la Bretagne. L’aïeule est affaiblie mais elle est toujours là, veuve et doyenne, heureuse d’accueillir toutes ces générations qui se retrouvent et partagent leurs souvenirs. Ce retour aux sources bretonnes pour le narrateur est une sorte de réconciliation familiale en dépit de l’absence de fâcherie formelle. Malgré les désirs d’émancipation de jeunesse, les racines ont un réel pouvoir d’attirance et incitent à revenir auprès des proches. Le garçon semble célibataire, il n’a pas d’enfant mais il a l’âge de devenir père. Il va nouer avec Jean son petit neveu une relation émouvante (le drame final intensifie cruellement ce lien) faite de découverte réciproque, de consolation et d’apprentissage. Jean est un peu en miroir celui qu’il était dans son enfance avec les mêmes caprices, les mêmes blessures et les mêmes rigolades. Durant ces jours d’août se dupliquent les rituels familiaux : la sortie à la plage, le feu d’artifice du quinze août, les coups bus au bar du port, les repas de fête et les pique-nique, les sorties au supermarché pour les courses. Les décennies passent et les mêmes actions banales et pourtant si importantes se répètent.

Que reviennent ceux qui sont loin est un joli roman, une ode à la Bretagne, à son littoral et à ses rassemblements familiaux. Le narrateur montre avec justesse que les préoccupations de ses vingt ans sont éloignées de celles de ses trente ans quand il comprend son attachement familial et l’importance de ces liens du sang.

Voilà, je vous ai donc parlé de Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian paru aux éditions Gallimard.

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