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14 Février 2022
Aujourd’hui je vais évoquer La vie la plus douce, roman vaporeux de Fabrice Gaignault.
La vie la plus douce est un étonnant roman d’apprentissage sis dans le milieu privilégié de la bourgeoisie parisienne au cœur de la France giscardienne. C’est l’histoire d’Adrien et de sa famille durant les années 1970 et le début des années 1980. De l’enfance à l’âge adulte en quelques chapitres ciselés le lecteur l’accompagne entre Paris où vit la famille, Saint-Tropez où est situé la demeure de Granny et le pensionnat où il passe quelques années douloureuses. Cette période vécue comme un emprisonnement est un cauchemar pour lui, loin de la tendresse dont un enfant est légitimement en attente. Il est reclus dans l’institution religieuse sans âme, victime de brimades. Les parents sont assez absents et l’argent qu’ils dilapident ne comble pas les besoins d’Adrien qui se sent seul et en manque d’affection. Candice deviendra ensuite l’amante auprès de qui il se réfugie tout en gardant une relation libre et presque libertine. Le père d’Adrien est un dragueur compulsif qui séduit à tout va et multiplie les conquêtes féminines. La mère est dépressive, elle est absente, indifférente au monde qui l’entoure, enfermée dans son univers parallèle. Il a un aîné qui dérive, surnommé le Démon, qui explore les limites sous toutes ses formes, il volera, partira en Afrique. La famille entière est dans le deuil d’un enfant mort, la petite sœur disparue très tôt. La mère sombre, entre drogue, alcool et folie. Et puis il y a la tante proustienne et magicienne. Et Le Bout du Monde cette maison de famille où les souvenirs se tissent et s’entremêlent. Grandir en l’absence de cadre et de repères fiables n’est pas facile ; Adrien se cherche, il a du mal à se construire un avenir. Il hésite, suit le mouvement de l’époque, influencé par le son ambiant. Dans ce récit romanesque de nombreux personnages rodent autour de la famille du protagoniste. Les descriptions sont réalistes, l’atmosphère de l’époque, période de liberté, de musique, de sexe et de drogue est bien rendue. La vie la plus douce montre que l’insouciance affichée n’est pas en phase avec cette injonction à jouir en toute liberté. Le monde décadent et marginal de ces bourgeois est délétère.
La vie la plus douce est une sorte de portrait d’une dolce vita bourgeoise idéalisée, alors que cette vie facile n’est pas synonyme d’épanouissement et de bonheur. Adrien est un garçon sensible qui est embarqué dans les excès de sa famille et mettra des années à se stabiliser.
Voilà, je vous ai donc parlé de La vie la plus douce de Fabrice Gaignault paru aux éditions Grasset.
Présentation du roman de Fabrice Gaignault