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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Le goût des garçons

Un premier roman par la voix d'une adolescente libanaise

Un premier roman par la voix d'une adolescente libanaise

Aujourd’hui je vais évoquer Le goût des garçons le premier roman de Joy Majdalani. C’est le récit intime d’une adolescente qui devient pubère et s’interroge sur la sexualité, le changement de son corps, ses désirs et l’anatomie masculine. Ce bref roman dans la tête d’une jeune fille raconte sans tabou l’explosion du désir féminin vis-à-vis du corps masculin.

L’action se déroule principalement au sein d’une institution catholique, Notre Dame de l’Annonciation, où est scolarisée la narratrice âgée de treize ans. Le lieu n’est pas identifié précisément mais les indices sont suffisants pour reconnaitre le Liban et sa capitale Beyrouth. La jeune fille au fil de son récit grandit, change d’amitiés et de sujets de préoccupation. D’une enfant elle frôle la construction identitaire d’une femme. Elle précise : « je vous parle de ces filles qui m’ont donné le goût des garçons ». Parmi sa bande de copines du collège plusieurs catégories de filles sont identifiées en fonction de leur propension à déjouer les consignes et à s’intéresser aux garçons ou au contraire à respecter scrupuleusement les normes et attendus. A propos d’une des protagonistes elle précise : « Bruna et moi avons été amies par deux fois. Nous nous sommes connues des deux côtés de la puberté. » Quelques frères des collégiennes francophones de bonne famille sont admis dans ce lieu a priori austère et peu enclin au plaisir. Mais les transformations physiques et mentales provoquées par les hormones suscitent les interrogations, les angoisses et les inquiétudes. Parmi la préoccupation majeure de l’adolescente se trouvent les poils et sa propre abondante pilosité possible synonyme de difficulté à séduire, de physique ingrat et repoussoir. Ainsi, elle indique : « un site français m’informa que je souffrais d’hirsutisme. L’annonce de cette pathologie rare me terrassa. Je ne remis pas en doute ce diagnostic qui s’abattit sur moi et moi seule, malgré l’abondance pilaire de mes congénères, en tout point semblable à la mienne. » Les garçons représentent un continent étranger et attirant, un domaine à explorer et une source d’innombrables fantasmes. Dans un langage cru et discret nimbé d’humour la narratrice imagine les différentes étapes de cette découverte source de tant de plaisirs imaginés. Avec ses amies les discussions sont infinies elles confrontent leurs points de vue, affabulent et espèrent perdre leur virginité. Elles ne sont pas farouches mais restent des jeunes filles prudes et vierges. Bien sûr les garçons sont une obsession, un leitmotiv permanent. Elle confie : « je pensais beaucoup aux bites pendant les messes. Depuis que Bruna m’avait appris ce mot, j’avais l’impression d’avoir acquis une certaine proximité avec l’organe, que la scientificité de pénis m’interdisait. » Et puis il y a le garçon, celui dont elle se croit éprise et amoureuse. Alors elle constate que : « les confidences, graves ou excitantes, s’étiraient indéfiniment, nous parlions sans réserve. Jamais, cependant, il ne suggéra de rendez-vous ou ne chercha à obtenir mon numéro de téléphone. Ce désintérêt me troublait. » L’apprentissage est fait de frustration, le passage à l’acte peut être retardé.

Le goût des garçons est un roman frais et délicieux. C’est le portrait d’adolescentes mondialisées qui s’intéressent à leurs congénères masculins et veulent en découvrir l’intimité en rêvant à de folles orgies sexuelles tout en demeurant des jeunes filles banales et rangées.

Voilà, je vous ai donc parlé du Goût des garçons de Joy Majdalani paru aux éditions Grasset.

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