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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Mon maître et mon vainqueur

Le nouveau roman de François-Henri Désérable

Le nouveau roman de François-Henri Désérable

Aujourd’hui je vais évoquer Mon maître et mon vainqueur le quatrième roman de François-Henri Désérable. Ce jeune auteur est talentueux son nouvel opus le prouve, une fois de plus il surprend, à chaque roman il s’empare d’un sujet différent. Dans son précédent roman Un certain M. Pikielny il convoquait Romain Gary, cette fois l’histoire d’amour et de passion contemporaine qu’il raconte se déroule sous l’égide de Paul Verlaine et Arthur Rimbaud.

Mon maître et mon vainqueur (titre tiré d’un vers de Verlaine) est une romance, une classique histoire d’amour impossible. Le narrateur est convoqué comme témoin chez un juge qui est en charge d’une enquête impliquant deux de ses amis. Le lecteur est embarqué dans un pseudo polar sans vraiment savoir si un crime a été commis. Cependant l’incipit est sans ambiguïté : « j’ai su que cette histoire allait trop loin quand je suis entré dans une armurerie » confie Vasco l’un des personnages. Les protagonistes principaux sont au nombre de trois : Vasco (en réalité Vincent Ascot), Tina et Edgar. Edgar et Tina forment un couple amoureux, ils ont deux jumeaux Paul et Arthur et vont bientôt se marier et officialiser devant l’état civil leur relation. Il est fonctionnaire au Ministère des Finances, elle est actrice et passionnée de poésie. Tina a pour amant Vasco qui officie à la BnF. Ils se sont rencontrés lors d’une soirée et Vasco a imploré le narrateur pour obtenir les coordonnées de la comédienne dont il s’est épris immédiatement. Pourtant comme il l’explique au début du récit : « Vasco n’aimait que les brunes ou les blondes or les cheveux de Tina tiraient vers le roux – auburn, avec des reflets acajou. Tina n’aimait les garçons qu’aux yeux verts, or ceux de Vasco étaient bleus, avec une touche de marron. Elle n’était pas du tout son genre ; il n’avait jamais été le sien. Ils n’avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s’aimèrent, souffrirent de s’être aimés, se désaimèrent, souffrirent de s’être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon – mais n’allons pas trop vite en besogne. » Leur histoire est banale, c’est un amour fou et lumineux, incandescent et brûlant. Ils se revoient, font connaissance, baisent sauvagement dans la rue et font l’amour à l’hôtel. Il se foutent des conséquences de leur idylle, leur attirance et leur passion les emportent faisant fi de toute prudence. Alors que les préparatifs du mariage sont en cours Tina et Vasco continuent leur relation clandestine. Le futur époux démasque sa compagne en consultant son smartphone et menace de représailles l’amant de sa dulcinée. Celui-ci veut se protéger et à défaut de pouvoir acheter une arme il se munit d’une matraque. Plus tard il se procure pour une somme astronomique un pistolet légendaire et historique. Dépité par l’impossibilité de vivre sa passion Vasco songe à s’éliminer, son suicide est raté il ne saigne pas suffisamment en tentant de s’ouvrir les veines. A propos de l’amour et de la douleur de la rupture le narrateur écrit : « je croyais tout avoir, elle n’est pas venue combler un manque ; elle est venue en créer un. (...). La rupture amoureuse est pire que la mort, c’est le deuil pour soi-même d’une personne encore en vie, que d’autres pourront voir et entendre et sentir et toucher. (...). On se sait pourvu d’un cœur, puis vient la rupture, et l’on se sent pourvu d’un cœur. » François-Henri Désérable s’amuse et dans son roman il multiplie les références littéraires. Son récit est étayé sur un cahier Clairefontaine dans lequel Vasco a consigné des poèmes et des haïkus qui contiennent les clés de l’intrigue. En abordant le thème de la passion amoureuse l’auteur plus que dans ses précédents ouvrages donne corps à ses personnages, il décrit avec précision les scènes érotiques et les pulsions charnelles. Au fil de la narration Vasco apparait comme tellement épris de Tina qu’il commet les pires folies : pour la séduire il lui montre des manuscrits précieux dans les salles confidentielles de la bibliothèque, il subtilise le cœur de Voltaire et rédige des sonnets pour dire sa flamme à Tina. Lors d’une vente aux enchères chez Christie’s il acquiert le pistolet avec lequel Verlaine a tiré sur son amant. Dans le bureau du juge le narrateur recompose le parcours de ses deux amis, il vit par procuration leur passion folle. Il contribue à apporter des preuves tout en protégeant les amants en ne disant pas toute la vérité.

Mon maître et mon vainqueur est un délicieux roman, espiègle et léger. L’auteur décrit avec précision les tourments amoureux, le mélange de la littérature poétique avec les sentiments amoureux des personnages est subtilement réussi.

Voilà, je vous ai donc parlé de Mon maître et mon vainqueur de François-Henri Désérable paru aux éditions Gallimard.

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