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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

L'homme de trop

Le nouveau roman de Dominique Fernandez

Le nouveau roman de Dominique Fernandez

Aujourd’hui je vais évoquer L'homme de trop le nouveau roman de Dominique Fernandez. Il s’agit du premier tome d’un diptyque. Cet académicien a publié des dizaines d’ouvrages. Parmi ses romans je citerai Tribunal d’honneur, Nicolas, La course à l’abîme ou On a sauvé le monde. Avec son nouvel opus comme souvent dans son œuvre le thème de l’homosexualité masculine est omniprésent. Dans cette histoire il ne convoque pas des personnages historiques, les biographies de ses protagonistes sont inventées.

L'homme de trop est un roman contemporain qui interroge sur plusieurs décennies la vie des gays en France. Le roman est à la fois sociologique et politique. L’histoire est racontée par le narrateur qui est l’ami du personnage principal « Lucas Fabert né en 1949, photographe ».  Le point de vue et les opinions de cet homme sont au centre du récit. Le narrateur précise que : « soucieux de donner de mon ami Lucas le portrait le plus complet et fidèle, j’ai pris le parti, sans entrer dans les détails de son passé, d’en présenter quelques traits, avant d’aborder l’époque où je l’ai le mieux connu. » Lucas au moment du récit est un sexagénaire bien établi qui a réussi dans la vie. Dans sa jeunesse son orientation sexuelle a été vécue comme problématique il se sentait rejeté et marginal. Il se vivait en paria et s’est construit dans les luttes en faveur de son groupe d’appartenance. En rapportant les principaux épisodes de sa vie sentimentale le narrateur suit son évolution. Il s’éprend d’abord d’un très jeune homme rejeté par sa famille choquée de son orientation sexuelle. Il a trouvé un abri auprès du Refuge association militante de Montpellier. Avec cet adolescent Lucas vit un bel amour, il l’emmène en Italie, lui fait découvrir l’art et l’initie à la beauté. Plus tard, en villégiature vers Marseille ils ont un accident de voiture et le jeune garçon meurt. Lucas est inconsolable de cet amour perdu. Il se sent coupable et doit affronter d’odieuses accusations. En évoquant ce jeune compagnon le narrateur fait de longues digressions sur le thème du cochon et de l’abjection et de l’opprobre qui vise cet animal à l’instar de la stigmatisation supportée par les gays. Ces pages érudites et documentées (avec au milieu du roman plusieurs pages de bibliographie) sonnent hors de propos au milieu de l’intrigue. Dans ce cas le mélange des genres littéraires ne fonctionne pas vraiment. Lucas noue d’autres relations mais lorsqu’il analyse le profil de ses amants il constate qu’il les choisit de façon équivalente. Lorsqu’il est en couple avec Martin il constate qu’il : « a été le premier à être pour moi un égal, quand les autres étaient obligatoirement des inférieurs, dont la pauvreté, la situation précaire, le handicap social, le besoin d’assistance apaisaient mon sentiment de culpabilité. » Les rapports de domination et de soumission sont au cœur des réflexions. Dominique Fernandez évoque les exigences de l’amitié et écrit : « ainsi débute, au prix de concessions réciproques, toute vraie amitié : chacun met de côté ce qui lui tient à cœur, jusqu’à ce qu’il soit assez sûr de l’autre pour ne pas le refroidir en s’affirmant d’un avis opposé. » Le titre L'homme de trop évoque le sentiment partagé par certains gays qui ne parviennent pas à s’intégrer dans la société, victimes de moult rejets. Parmi les combats rapportés dans ce tome figure la lutte contre le sida, fléau affectant particulièrement cette population et provoquant des ravages dans les années 80/90. Il est également question du vote de la loi sur le PACS et l’auteur rappelle les propos véridiques entendus à l’époque y compris ceux outranciers de Christine Boutin. J’ai relevé cette autre citation dans le roman : « l’intelligence ne se développe et ne se fortifie que par l’imagination. Qui ne lit ni romans ni poèmes reste pauvre de pensée. »

L'homme de trop n’est pas le meilleur roman de Dominique Fernandez, il est trop démonstratif, ses personnages sont peu convaincants et parfois un peu caricaturaux. Cependant c’est un texte important qui sonne un peu comme un testament de l’auteur octogénaire.

Voilà, je vous ai donc parlé de L'homme de trop de Dominique Fernandez paru aux éditions Grasset.

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