Gema

Le second roman de Milena Busquets

Aujourd’hui je vais évoquer Gema roman ibérique intime de Milena Busquets. Elle a déjà publié Ça aussi, ça passera. Son nouvel opus est présenté comme un hommage à une amie d’enfance disparue.

La narratrice commence son récit-enquête par cet incipit : « Gema a toujours été pour moi le nom d’une morte. En fait, non, pas toujours, depuis plus de trente ans, ce qui revient presque au même. Elle est morte à quinze ans. Deux ans plus tard, c’est mon père qui est mort. » Elle a une quarantaine d’années, deux fils de deux pères différents qu’elle élève seule, un amoureux qui est un acteur très séduisant. Elle est un peu snob. Un soir elle dîne avec lui dans un restaurant dont le cadre lui évoque des souvenirs. A partir de cette émotion elle va se replonger dans son adolescence et se remémorer cette camarade morte d’une leucémie foudroyante. Gema est un court roman sensible sur l’amitié, l’amour, la vie. La protagoniste est écrivaine comme l’auteur. Elle reprend contact avec des camarades, organise des retrouvailles pour étayer sa quête, retourne dans son lycée, consulte des archives pour recomposer ces souvenirs évanescents. Plus de trente ans après elle reconstruit ce passé et recherche des témoins de cette existence effacée des mémoires. Son enquête lui permet de joindre un critique gastronomique qui avait soutenu la cuisine confectionnée par le père de Gema dans son établissement. La question qui la taraude est de savoir si Gema est revenue en classe avant son décès. Durant cette recherche la narratrice n’est plus sûre de ses sentiments amoureux, elle prend du retard sur la traduction qu’elle doit à son éditeur et ne part pas se reposer aux Baléares avec son amant. Elle se consacre à reconstituer des bribes de la vie de Gema. Elle affirme que : « l’amour sentimental peut sans doute s’affiner avec le temps, mais pas l’amitié, l’amitié atteint sa plénitude radieuse et absolue pendant l’enfance. » Ses rapports avec ses copines d’enfance mettent en exergue les jalousies et les mesquineries dissimulées sous une façade bienveillante. Parmi ses réflexions le lecteur note que : « l’expérience amoureuse n’est pas quelque chose qu’on acquiert au fil du temps, elle s’abat sur vous d’une manière inattendue. Un jour, vous êtes vautrée sur le canapé, ou bien vous attendez l’autobus, et soudain vous pensez : « ça y est, je l’ai, j’ai compris. » Il ne s’agit pas non plus exactement d’une révélation, c’est comme si un puits s’était lentement empli d’eau et que subitement vous y ayez accès. »

Gema comme le premier roman de Milena Busquets tourne autour de la thématique du deuil. La mort semble être un élément central de son œuvre littéraire. Ce roman est intéressant, c’est le portrait d’une femme moderne qui est écartelée entre sa vie personnelle, sa carrière et l’éducation de ses enfants. Le souvenir d’une camarade de lycée est à l’origine de cette histoire intime et banale.

Voilà, je vous ai donc parlé de Gema de Milena Busquets paru aux éditions Gallimard.

Deux romans : Ça aussi, ça passera & Des jours que je n'ai pas oubliés - Culture tout azimut

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Chronique sur le premier roman de Milena Busquets