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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle)

Un ouvrage original sur la "culture" des chats

Un ouvrage original sur la "culture" des chats

Aujourd’hui je vais évoquer Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle) d’Éric Baratay. Cet essai original est sous-titré Les chats créent leur histoire. Comme l’auteur l’indique en introduction : « l’objectif de ce livre est de montrer que les manières d’être des chats domestiques (Felis catus ; je laisse de côté les félins sauvages, Felis silvestris) fluctuent en bonne partie sous l’influence humaine. » L’ouvrage propose trois siècles d’histoire des relations entre les hommes et les chats en insistant sur les types d’interactions à l’origine des modifications relationnelles.

Cultures félines est étayé en particulier sur certains écrits littéraires dans lesquels les chats sont omniprésents. L’essai met l’accent sur quelques bêtes emblématiques dont les vies sont documentées ; au fil des époques leurs noms évoluent la tendance étant à une intensification de la personnification avec l’utilisation de prénoms. A partir de ces exemples paradigmatiques Éric Baratay déroule son histoire et met en lumière les évolutions culturelles. Force est de constater qu’en quelques siècles les relations entre les humains et les félins ont amplement évolué. Au début de la période étudiée les chats sont exclus du périmètre urbain et de l’habitat, ils sont peu domestiqués et ne font pas l’objet d’affection particulière. Plus tard, la situation change et ces animaux gagnent la confiance des hommes, ils se rapprochent d’eux et en deviennent dépendant. Des écrivains se prennent d’affection pour les chats et en font de fidèles compagnons de bureau. L’essayiste met en garde contre le risque d’un trop grand anthropomorphisme. Il affirme que : « s’il est certain que l’environnement module le capital génétique, et que l’épigénétique est l’un des intermédiaires pour cela, il n’est pas encore possible d’affirmer que ces modifications sont héritées à l’échelle des générations individuelles. » Il développe une approche théorique dans laquelle il prend en compte différents paramètres pour analyser la façon dont la coprésence avec les humains façonne le caractère des chats. Il est intéressant de constater que : « le miaulement est comme un effet de la domestication et des interactions avec les hommes, comme une capacité désormais présente, intemporelle, à émettre côté félin, à entendre côté humain. » L’instinct chasseur incarné par les chats errants se nourrissant de souris débusquées dans l’environnement est moins prégnant avec la domestication associée au nourrissage par les maitres. Il semble que progressivement les chats se substituent aux chiens, au point de parfois être traités à l’identique, c’est le concept de chatchiens. Selon l’auteur : « en conséquence de la baisse très prononcée, depuis la fin du XXe siècle, du nombre de chiens de compagnie dans les pays occidentaux (Pacifique Sud, Amérique de Nord, Europe de l’Ouest) et de la forte augmentation des effectifs de chats, nombre d’humains adoptent ces derniers avec des motivations nouvelles, bien différentes de celles des propriétaires des décennies 1960-1990. » Cultures félines rassemble des portraits de chats qui permettent d’élaborer une culture avec des invariants et des particularités. L’approche pluridisciplinaire suivie par Éric Baratay est intéressante et aboutit à ce récit original. La graphie du livre est particulière ; l’auteur mélange la « prise de parole » des chats avec un langage inventif et des mots suggestifs, les données eth(n)ologiques et ses propres interventions où il interpelle le lecteur. Ce mode de faire est déroutant et peut perturber le lecteur mais à la fin de l’ouvrage ce choix éditorial trouve toute sa pertinence.

Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle) est un texte original un peu hermétique au premier abord. A travers le récit de la vie de quelques chats domestiques l’auteur s’immisce dans la tête d’un chat et insiste sur l’importance de bien prendre en compte les évolutions culturelles pour comprendre la nature du lien établi avec les hommes.

Voilà, je vous ai donc parlé de Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle) d’Éric Baratay paru aux éditions du Seuil.

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