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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

La cité des chacals

Un polar égyptien

Un polar égyptien

Aujourd’hui je vais évoquer La cité des chacals polar égyptien de Parker Bilal.

L’action se déroule au Caire en 2005. Un pêcheur remonte dans ses filets plongés dans le Nil une tête sans corps. Les premières constatations laissent penser qu’il s’agit d’un immigré ; cette affaire n’intéresse pas la police. Le protagoniste, Makana, homme d’origine soudanaise, ancien flic à Khartoum reconverti en détective privé dans la capitale égyptienne, est informé de l’existence de cette tête isolée. Il est intrigué par ce cadavre ; personne n’a signalé la disparition d’un migrant scarifié. Mais il est chargé en même temps d’enquêter sur une autre disparition, celle d’un jeune étudiant, Mourad, dont le père s’inquiète de l’absence prolongée. La cité des chacals va mêler ces deux intrigues qui se révèlent en réalité liées. En effet, le garçon idéaliste et humaniste était en contact avec des exilés soudanais qu’il aidait. D’autres macabres découvertes s’accumulent sur la route de Makana qui comprend que : « tout ce que ces victimes avaient en commun, c’était d’être de sexe masculin et originaires du Soudan du Sud. En outre, dans les deux cas, on s’était donné la peine de déplacer les cadavres. Méthode différente à chaque fois. Peut-être le tueur affectionnait-il la variété. » Avec le support d’une piquante médecin légiste il mène son enquête dans les bas-fond du Caire. Le lecteur le suit dans la ville et dans sa banlieue. Il pénètre les arcanes d’une organisation caritative américaine. Sous couvert d’évangélisation, ces bienfaiteurs s’avèrent embringués dans un trafic médical où les corps des victimes sont utilisés pour sauver des patients fortunés. Certains ont de l’argent et payent pour obtenir de quoi se soigner quitte à voler des vies. Les soudanais du Caire vivent dans le dénuement et sont des proies faciles. Voici l’extrait d’une conversation : « ceux de votre espèce voient en nous des bêtes sauvages qui devraient vivre dans la jungle. Alors regardez bien, parce que maintenant, la jungle, nous vous l’avons apportée. » Bien que le rythme du polar ne soit pas aussi frénétique que l’activité de la mégalopole, parfois l’action s’intensifie. Le privé constate : « malgré son visage ensanglanté et meurtri, Ihab était reconnaissable. Il avait les deux mains crispées sur son ventre. Un filet de sang avait coulé entre ses doigts et tachait son jean, formant sur le sol une flaque poisseuse. Un rat de petite taille guettait à proximité, le museau frémissant de plaisir anticipé. Makana lui décocha un coup de pied et la bête battit en retraite. » Cette séquence glaçante est à l’aune du dénouement de l’intrigue. La morale de cette enquête est terrible comme le résument ces questions : « croyez-vous vraiment que des réfugiés anonymes, oubliés, des individus sans maison ni famille, tout en bas de la chaîne alimentaire, pour ainsi dire, croyez-vous vraiment qu’ils méritent un meilleur sort ? Leur sacrifice contribue à l’intérêt supérieur de l’espèce humaine. »

La cité des chacals est un bon roman policier mais qui n’est pas addictif. L’intérêt principal réside dans sa localisation et son intrigue sociétale. L’Égypte contemporaine est sous l’emprise de celle des pharaons, les représentations des divinités semblent continuer à exercer leur influence. C’est le portrait d’une ville et d’un peuple inquiets.

Voilà, je vous ai donc parlé de La cité des chacals de Parker Bilal paru aux éditions Gallimard.

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