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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

L'or du temps

L'or du temps

Aujourd’hui je vais évoquer L'or du temps de François Sureau. C’est un pavé de plus de huit cent pages à déguster avec parcimonie et lenteur. Il est conseillé de s’en délecter par petites touches minuscules plutôt que d’ingurgiter d’une traite ces pages denses. François Sureau après une carrière de haut-fonctionnaire et d’avocat est devenu écrivain. Des bribes dissimulées de sa vie affleurent dans ce récit omniscient. Il est notamment l’auteur de Garçon de quoi écrire, un ensemble de délicieux entretiens avec Jean d’Ormesson.

L'or du temps se présente comme une promenade le long de la Seine, un périple géographique et littéraire depuis la source du fleuve jusqu’à la jetée dans la Manche. L’auteur indique : « mon livre est un pressentiment. (…). Mon livre est pareil à la Seine, il s’écoule et ne tarit pas. » Le lecteur embarque avec François Sureau et au gré des multiples escales s’amarre sur les berges du fleuve et écoute les récits et les évocations. Le texte est touffu, iconoclaste, passionnant mais difficile d’accès. A l’instar des méandres d’un fleuve, le récit est chaotique, irrégulier. C’est un cri chuchoté, un dithyrambe, la révélation des goûts et des passions de l’auteur. Il mêle personnages réels et personnages de fiction dont il fait croire qu’ils existent. Ainsi Sureau met ses pas dans ceux de Bagramko l’auteur de La Seine ma source, un ouvrage de référence qui guide et manipule L'or du temps. Chaque lieu est prétexte à évoquer un écrivain, à rappeler un courant littéraire, à remémorer une anecdote. Grigoriev, qui a connu Bagramko dont l’université de Vancouver conserve les archives, confie des souvenirs intimes à Sureau. Il est difficile de retenir des faits précis mentionnés dans le bouquin. Le lecteur est porté par la prose poétique, il est agacé par les digressions nombreuses et les notes de bas-de-page érudites, il est séduit par ce témoignage personnel qui met en lumière ceux qui comptent dans la vie de l’auteur issu d’une famille de médecins et de militaires. Il s’engage dans la légion étrangère lorsque sa carrière prend des chemins de traverse. Guillaume Apollinaire auquel il voue une véritable admiration pour affirmer son attachement à la France a également servi avant de faire la guerre et de mourir de la grippe espagnole. A Port-Royal, Sureau se souvient du jansénisme et de Pascal ; à Troyes, c’est Chrétien de Troyes qui est convoqué. Chaque rue, chaque passage, chaque venelle, chaque quai de Paris est l’occasion, en lien avec l’histoire de la Seine, de s’attarder sur un nouveau personnage. Parfois le propos est trop érudit, presque pédant ; il est alors ardu de suivre le fil de la narration et les multiples digressions littéraires, militaires, médicales. Parmi les phrases du bouquin, retenons celle-ci : « la Seine n’est rien, un fleuve assez provincial auquel ses berges, ses villes, ses écrivains et ses peintres tournent le plus souvent le dos, et qui n’apporte rien d’autre que l’occasion de rêver à de grands voyages ultramarins. » Incontestablement L'or du temps contribue à ce rêve éveillé, à cette divagation badine et nonchalante.

Voilà, je vous ai donc parlé de L'or du temps de François Sureau paru aux éditions Gallimard.

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