J'ai tant vu le soleil

Aujourd’hui je vais évoquer J'ai tant vu le soleil d’Emmanuel de Waresquiel. C’est un petit livre d’amour de l’historien pour Stendhal. En quelques brefs chapitres l’auteur dévoile sa passion pour le romancier et propose l’esquisse d’un portrait de cet homme dont il dit : « il n’y a entre l’œuvre de Stendhal et sa vie que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes. » 

J'ai tant vu le soleil n’est pas une biographie ni une analyse littéraire des textes (romans et correspondances) de Stendhal. C’est un récit d’amour et une évocation de cet auteur central du dix-neuvième siècle, né à Grenoble en 1783. Avant de devenir écrivain celui qui s’appelle encore Henri Beyle débute sa carrière à Paris sous Napoléon auquel il attache ses pas. C’est un homme assez secret : « de son vivant, personne n’a su exactement quels gens il voyait, quels livres il lisait, quels voyages il faisait. Il se dérobait d’instinct, usait sans cesse de diminutifs, d’acronymes, d’anagrammes, changeait de langue et de nom au point d’en avoir adopté plus de deux cents : Dominique Mocenigo, (…) et bien sûr Stendhal, dont il fait son nom de plume en 1817. Tous sont le même Henri Beyle multiplié à l’infini. » Avant de devenir romancier et diplomate (il sera consul en Italie dans une contrée éloignée des centres de pouvoir) il utilise son identité de naissance. Emmanuel de Waresquiel précise : « Beyle n’est pas tombé avec l’Empire en 1814. Au contraire, la chute de Napoléon a été sa chance. Napoléon quitte la scène et Stendhal y entre en tapinois. Peut-être n’aurait-il jamais été l’écrivain qu’il a été si Napoléon était mort sur son trône en 1835. » Il ne s’agit pas de dystopie mais d’évoquer quelques moments du parcours de cet amoureux des femmes qui dans son œuvre leur rend hommage. Force est de constater que : « Stendhal n’a vécu que dans l’instant. Dans sa vie comme dans ses romans, il s’est toujours joué de la chronologie. » Ses principaux romans sont Armance, Le rouge et le noir, Lucien Leuwen et La chartreuse de Parme. Plusieurs sont incontestablement des chefs d’œuvre. De ce dernier opus Emmanuel de Waresquiel précise : « seule la Chartreuse est baignée d’une lumière surnaturelle, hors du monde et du temps. Son unique épaisseur tient dans l’exercice libre des passions portées par ses personnages en une sorte de ballet aérien placé sous le signe du pur hasard. Celle du comte Mosca pour la Sanseverina, de la Sanseverina pour Fabrice et de Fabrice pour Clélia. » Les héros stendhaliens sont inoubliables, ils sont des boussoles de la littérature classique.

J'ai tant vu le soleil est un petit livre passionnant. C’est une façon douce de replonger dans les grands romans picaresques de Stendhal.

Voilà, je vous ai donc parlé de J'ai tant vu le soleil d’Emmanuel de Waresquiel paru aux éditions Gallimard.

Emmanuel de Waresquiel : dans les pas de Stendhal - Extrait

https://www.youtube.com/watch?v=Jwpl3mGmmR8

Entretien avec l'auteur