Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Les couleurs de l'Occident

Les couleurs de l'Occident

Aujourd’hui je vais évoquer Les couleurs de l'Occident d’Hervé Fischer qui couvre la vaste période de la préhistoire au XXIe siècle. Cet ouvrage incluant 93 illustrations propose un panorama socio-historique, centré uniquement sur l’Occident, sur les couleurs. Dans l’avant-propos l’auteur précise : « nous découvrirons que les interprétations des systèmes de couleurs et les usages sociaux qui en ont résulté ont considérablement varié au fil des millénaires, puis des siècles, selon l’émergence et l’institutionnalisation de paradigmes successifs fondés d’abord sur la magie, la religion, le pouvoir politique, ensuite sur le rôle de l’œil, du cerveau dans leur perception et même leur gestation, et aujourd’hui sur la compétition de l’économie capitaliste dans les sociétés de consommation. »

A la différence des livres monographiques de Michel Pastoureau, plusieurs fois cité, Hervé Fischer propose une déambulation chronologique qui donne un aperçu coloré de chaque époque. Le lecteur malgré des approches différentes note la formidable complémentarité de ces ouvrages relatifs aux couleurs. L’auteur fait le choix de passer relativement rapidement sur les périodes anciennes et de s’attarder longuement sur l’histoire contemporaine. Il est lui-même artiste et sociologue ce qui accroit sa légitimité à interroger le rapport du monde aux couleurs. L’approche sociologique met donc l’accent sur le lien entre la société occidentale et l’utilisation des couleurs. Les gammes chromatiques favorites varient selon l’époque ; la signification et la symbolique des couleurs demeure néanmoins globalement constante. Cependant, il ne faut pas oublier que pour les peintres ou les teinturiers, certaines couleurs, issues de pigments et colorants naturels rares, étaient parfois très difficiles à obtenir et onéreuses. Par conséquent, le choix de certaines couleurs ou la rareté d’autres en fonction du contexte peut témoigner des aléas matériels de leur production. Force est de constater que ce qui fluctue principalement c’est la préférence et la prédominance des couleurs dans la palette des gammes chromatiques utilisées. Il est fondamental de distinguer le monde réel, où la couleur semble toujours dominer (par exemple sur les façades des temples antiques et des églises médiévales) et sa représentation picturale dont la gamme chromatique est dépendante des techniques à la disposition des artistes. La peinture est au cœur de l’ouvrage. Les grands mouvements artistiques sont à l’origine de tendances sur le rapport à la couleur, la façon de peindre est également explicative de l’utilisation de la couleur. L’influence religieuse est grande, un mouvement comme celui de la Réforme explique la perte provisoire de l’attachement à la couleur devenue synonyme de dépravation ou d’immoralité. Selon Hervé Fischer c’est au XIXème puis au XXème siècle que se produisent les révolutions chromatiques dont les effets demeurent visibles aujourd’hui encore. Les peintres utilisent les couleurs en dépit de la reproduction de la réalité, les différents courants de la peinture font voler en éclat les préceptes les plus classiques. La couleur envahit le monde. Les technologies modernes, en particulier les ordinateurs, permettent la reproduction d’un nombre quasiment infini de couleurs, teintes et nuances. Cependant, force est de mettre en place une normalisation des couleurs afin de faciliter la communication. L’existence de nuanciers très fins avec des références uniques favorise la réplication à l’identique des couleurs. Pour l’époque la plus récente l’approche sociologique est passionnante et permet de mettre en exergue le fonctionnement de la société avec le capitalisme qui fait figure de dictateur imposant la couleur du monde de la consommation. Dans les villes grises et dangereuses les urbanistes colorent les murs, les graffistes sont invités à s’exprimer avec des couleurs vives.

Les couleurs de l'Occident est un beau livre érudit et accessible. A l’aide de nombreuses illustrations Hervé Fischer propose une déambulation socio-historique à l’intérieur des couleurs et étaye une réflexion intéressante sur l’importance des couleurs dans l’environnement immédiat de la population.

Voilà, je vous ai donc parlé des Couleurs de l'Occident d’Hervé Fischer paru aux éditions Gallimard.

Padoue (Italie) et Pachuca (Mexique)
Padoue (Italie) et Pachuca (Mexique)
Padoue (Italie) et Pachuca (Mexique)

Padoue (Italie) et Pachuca (Mexique)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article