Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Les minets

Roman générationnel de François Armanet

Roman générationnel de François Armanet

Aujourd’hui je vais évoquer Les minetsroman générationnel sur une frange privilégiée de la société parisienne des années 1960. François Armanet, l’auteur, retrace le portrait d’une jeunesse dorée et d’une époque heureuse, sorte de parenthèse enchantée au milieu du vingtième siècle. Ce roman est très évocateur et bien que daté il représente un témoignage historique sur cette population masculine aisée.

Le roman se déroule à Paris au cœur de : « la bande du drugstore (qui) était le Graal des minets ». L’histoire racontée s’étend sur une décennie de 1965 à 1975. Ce sont dix ans d’une jeunesse dorée qui arpente le quartier des Champs Élysées avec le lieu mythique constitué par le fameux drugstore. Au début du récit le narrateur précise : « c’était la rentré 66, j’avais 16 ans. Au lycée, depuis peu, on disait que je faisais partie de la bande du Drugstore. Sur les Champs, ce n’était pas aussi évident. » Fairepartie de la bande signifie adhérer à ses codes et en suivre les règles et les prescriptions. Les protagonistes attachent beaucoup d’importance à leurs vêtements de marque et à leur look soigné. Ils écoutent de la musique, c’est l’essor du rock mais un chanteur français loue leurs mérites. Et puis, ils découvrent et expérimentent la sexualité bien avant l’émergence du sida. C’est l’époque de l’insouciance pour ces adolescents privilégiés.

Le narrateur et ses deux amis s’amusent, draguent les filles alors que la mixité n’est pas encore autorisée dans les lycées. Dans le roman quelques pages crues évoquent ces moments. Ainsi un souvenir est mentionné avec une jolie référence littéraire : « c’était étroit, la porte étroite, j’ai pensé à Gide, j’ai pensé à toi, mon minet, tu parles. Je l’ai pénétrée bien profond. Elle a joui. A tortillé du cul, a expulsé ma queue, l’a regardée. Il y avait sur mon gland un petit bout de merde, comme une crotte de bique. Elle m’a dit : « Tiens, tu vois, ça, c’est mon cadeau d’adieu ». Elle m’a foutu à la porte. »Comme quoi la masculinité triomphante au sein de la bande peut être mise à mal par la gent féminine. Et ceci avant les événements du printemps 1968. En mai, les minets restent en marge des émeutes estudiantines, ils observent de loin plus préoccupés par leur appartenance de bande et par leur adhésion aux codes de leur groupe. Voici un exemple des préoccupations des personnages principaux lorsque le narrateur explique : « j’avais connu Philippe Challes cette année-là. Il était dans la classe supérieure et d’un an mon aîné. La seconde fois qu’il m’avait adressé la parole, courtoisie désinvolte, il m’avait dit que la seule question qui vaille était : « Est-ce que je me plairais vraiment, si je me croisais sans me connaître ? » Les minets sont insupportables et attachants, leur comportement désinvolte et superficiel est agaçant. La vie est facile pour eux, l’argent n’est pas un problème, ils appartiennent sans conteste à la classe dominante. Leurs idoles sont Dutronc, un habitué du drugstore, et les Stones. La musique est au cœur de leurs loisirs ainsi que l’achat de tenues vestimentaires en accord avec leur attachement à la mode. Comme le constate le narrateur, sans doute un peu le double de l’auteur : « dans ces années 60, les mondes ne se mélangeaient pas. Les adultes vivaient dans leur pré carré, avant que les teenagers leur imposent leurs modes. Les blousons noirs restaient dans leurs quartiers, la banlieue gardait ses codes, les immigrés étaient invisibles dans leurs bidonvilles. »Et bien entenduLes minetsrestent entre eux et regardent le monde changer.

François Armanet dans ce bref roman dépeint les couleurs et l’atmosphère d’une époque gaie et insouciante. Tout cela est parfois superficiel et désuet mais c’est nostalgiquement charmant. Le portrait de la frange huppée de la société parisienne est très réussi et la bande son donne une couleur très musicale à ce joli roman d’apprentissage.

Voilà, je vous ai donc parlé des Minetsde François Armanet paru aux éditions Stock.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article