Les invisibles

8 Septembre 2019

Un roman norvégien froid et glacé

Aujourd’hui je vais évoquer Les invisibles un roman norvégien de Roy Jacobsen. Ce texte est la narration de la vie d’une famille isolée sur une île septentrionale et minuscule de ce pays maritime. Cette histoire se déroule au début du vingtième siècle avant l’arrivée du monde contemporain dans cette contrée exotique et nordique. Le titre fait référence au statut social de ces gens oubliés de la modernité.

Voici l’incipit du roman : « par un jour sans vent de juillet, la fumée monte droit dans le ciel. Le pasteur Johannes Malmberget est conduit dans l’île, en bateau, où il est accueilli par Hans Barroy, pêcheur et paysan, propriétaire légitime de l’île et chef de la seule famille qui y vit. Il se tient sur le petit débarcadère que ses aïeux ont construit avec des galets et il contemple le canot à quatre avirons qui approche, les dos gonflés des deux rameurs et, derrière leurs casquettes noires, le visage souriant et rasé de frais du pasteur. » La visite sur le récif de Barroy d’un pasteur constitue un événement. Ingrid Barroy est la jeune protagoniste du roman, elle est également au centre de Mer Blanche qui est la suite des Invisibles. A cette époque elle est encore une enfant et avec sa famille elle vit sur ce bout de terre exposé aux aléas climatiques et à l’extrême solitude. Son quotidien est bercé par la pêche et l’élevage sur les lopins de terre que la famille exploite. La vie est dure et se passe au plus près de la nature et des ses rigueurs. La narration se déroule sur quelques années permettant ainsi de considérer l’immobilisme et la monotonie de cette vie rude et exposée. Un été un quai d’amarrage en pierre est construit afin de permettre à des embarcations d’accoster plus facilement. Les tempêtes détruiront les travaux qui seront à recommencer l’été suivant avec l’aide d’ouvriers suédois. Le père souhaite qu’un bateau passe régulièrement pour les ravitailler et récolter leur production de lait, de laine et de duvet. C’est un compromis au mode de vie traditionnel et l’introduction de la modernité dans la rigueur et l’invisibilité de la famille. Ce contact régulier avec l’extérieur signe l’abandon de l’isolement et de l’entre-soi. Mais cette ouverture au monde extérieur bouleverse l’écosystème familial. Ingrid et les siens vivent en autarcie en s’appuyant sur les richesses de la terre et de la mer. Hans l’été part pour les Lofoten pour s’embarquer comme pêcheur et ramener l’argent qui leur permettra de vivre un an. Cette existence à l’écart des autres est rude et éprouvante.

Les invisibles est un roman chtonien et maritime. Il peint un monde isolé, dur et hostile. Les personnages vivent en marge de la société norvégienne, au contact de la nature pourvoyeuse de ressources et sous l’influence des affres climatiques. L’écriture est blanche, le roman est descriptif, avec très peu d’action. Au final à l’instar de ses personnages le roman est plutôt contemplatif.

Voilà, je vous ai donc parlé des Invisibles de Roy Jacobsen paru aux éditions Folio.