Introduction à la sécurité internationale.

Manuel sur la sécurité internationale

Aujourd’hui ma chronique est consacrée à l’essai de Delphine Deschaux-Dutard Introduction à la sécurité internationale. Ce manuel de science politique fournit « des clés de compréhension du monde qui entoure le lecteur afin d’analyser les conflits armés contemporains en tenant compte de toute leur complexité ». Cet ouvrage destiné aux étudiants ou aux spécialistes de la guerre moderne est cependant très accessible et intéressant.

L’auteur précise que « la sécurité internationale contemporaine se caractérise en réalité par la coexistence entre une paix systémique, voire hégémonique, et des guerres limitées ou périphériques. Par sécurité internationale on entend ici l’état plus ou moins pacifique des relations internationales, du fait de l’interaction d’acteurs pluriels qui réagissent à des menaces et des stimuli multiples ». La guerre et la paix sont donc les concepts au centre de l’ouvrage. Delphine Deschaux-Dutard en introduction propose des éléments de définition afin de bien cerner l’objet de son manuel. Elle montre l’évolution des types de guerre au cours des cinquante dernières années. Elle précise que dans le monde contemporain démocratique seul l’Etat détient la légitimité de la violence volontaire.

La première partie du livre propose une perspective théorique autour de la notion de sécurité internationale. Des définitions simples permettent de cadrer l’objet et de préciser le champ exploré. Quatre grandes catégories d’approches se distinguent : l’approche réaliste, la libérale, la constructiviste et la critique. Grâce à des exemples concrets le lecteur parvient à se familiariser avec ces théories et à apprécier leur pertinence relative pour la gestion des crises. La seconde partie de l’essai met l’accent sur les acteurs de la sécurité internationale. L’Etat est le premier concerné, il est le garant de la sécurité qui figure parmi les droits humains fondamentaux. Mais les organisations internationales sont également parties prenantes dans ce domaine. A ce niveau l’ONU, héritière de la SDN, dont le conseil de sécurité et les résolutions sont au cœur du dispositif soutenant la sécurité internationale tient un rôle majeur. Sa participation active au fil des décennies est mise en exergue et l’impact des décisions de l’ONU est documenté. Les textes comme la charte de l’ONU sont présentés ; le mode de fonctionnement de cette organisation avec les membres permanents bénéficiant notamment d’un droit de veto est explicité. Au niveau régional l’UE et l’OTAN sont deux des principales institutions impliquées. Des acteurs non étatiques participent également et de plus en plus : ce sont les ONG (organisation non gouvernementale) d’une part et les SMP (société militaire privée) de l’autre. Ces dernières sont peu connues en France mais l’auteur montre leur rôle prépondérant dans la sécurisation de certains terrains de guerre et d’opérations militaires sensibles. Ces officines, en particulier américaines, travaillent de concert avec l’armée, par exemple en Afghanistan. D’ailleurs, il est intéressant de noter que les membres des SMP sont souvent issus des rangs de l’armée régulière. Quant aux ONG, notamment celles à vocation médicale, elles agissent pour apporter de l’aide aux populations et ont largement contribué à théoriser le concept de droit d’ingérence. Force est de constater que la sécurité internationale n’est donc pas uniquement assurée par les Etats et leurs institutions, le volet régalien est en réalité partagé entre différents acteurs.

La dernière partie du livre porte sur les enjeux actuels de la sécurité internationale. Force est d’admettre que les menaces et les sources de conflit ont largement évolué depuis la seconde guerre mondiale. Désormais, les guerres entre Etats sont rares, la vraie menace est celle du terrorisme. Le 11 septembre 2001 avec les attentats contre les Twin Towers à New-York a marqué une rupture manifeste, dès lors le logiciel relatif à la sécurité a été totalement repensé. Face à ce nouveau risque identifié, la lutte s’organise et des méthodes technologiquement novatrices sont déployées. Ainsi, l’utilisation des drones revêt un caractère quasi systématique, les militaires atteignent leurs objectifs tout en restant à l’écart à des milliers de kilomètres de distance des champs de bataille. Quant aux ressources humaines des organisations telles que l’ONU, l’OTAN, l’OUA ou l’UE elles sont prioritairement employées à travers des forces de maintien de la paix. Les fameux casques bleus sont déployés sur la planète au gré des tensions locales ou régionales. C’est à ce prix que la sécurité internationale est assurée et que les populations peuvent aspirer à vivre à l’abri des guerres. La nouvelle menace est liée au cyber espace qui est défini avec précision par l’auteur. Deux nouveaux concepts émergent : cyberguerre et cyberpaix. Des perspectives peu rassurantes sont présentées et pourraient constituer l’enjeu de demain.

Ce manuel didactique permet de décrypter l’actualité internationale à l’aune des théories relatives à la sécurité internationale. A la fin de chaque chapitre une succincte biographie permet au lecteur d’approfondir ses connaissances et d’aller plus loin. Cet opus introductif est complet et offre un panorama actualisé des perspectives et enjeux dans le domaine de la sécurité internationale.

Voilà, je vous ai donc parlé d’Introduction à la sécurité internationale de Delphine Deschaux-Dutard paru aux éditions PUG.

Aux confins du jus ad bellum et du jus in bello : 07. L?approche globale des missions de l?OTAN : le cas de l'Afghanistan

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Extrait d'un cours donné par l'auteur