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Culture tout azimut

Ce blog Culture tout azimut vous propose des articles sur des livres récemment lus. Les lecteurs sont invités à partager leurs points de vue.

Sept jours avant la nuit

Polar sur une menace nucléaire d'un groupe terroriste

Polar sur une menace nucléaire d'un groupe terroriste

Aujourd’hui ma chronique est consacrée à Sept jours avant la nuit, polar géopolitique d’anticipation signé par Guy-Philippe Goldstein. L’action se déroule vers 2025, le monde d’aujourd’hui a changé, les chocs de civilisation sont exacerbés : l’Inde est devenue le pays le plus peuplé de la planète, la Chine a surpassé les Etats-Unis économiquement, mais ces derniers, à l’instar de l’Europe alliée traditionnelle, restent sur le devant de la scène internationale. A leur tête une femme est présidente. Comme quoi des évolutions longtemps attendues finissent par advenir. Tous les faits relatés dans ce polar sont de pure fiction, mais force est d’admettre que l’auteur est bien renseigné et imagine un scénario apocalyptique mais plausible.

L’action débute par l’exfiltration de Julia O’Brian, agent secret américain détenue par les russes depuis cinq ans. Son rapatriement express vers Londres est justifié par la menace inédite qui inquiète Washington et les patrons de la CIA et du FBI. L’affaire est grave, ses connaissances sur le nucléaire et son réseau dans ce milieu sont indispensables. En effet, un obscur groupe terroriste extrémiste indien entend faire exploser une bombe nucléaire. Les services de renseignements mondiaux doivent donc chercher à comprendre comment les malfrats ont pu se procurer de l’uranium enrichi et évaluer la crédibilité de la menace. La présidente américaine, convoquant ses troupes s’exprime ainsi : « non, vous ne pouvez pas échouer ! C’est mon nom, le vôtre, et celui de tous les directeurs de cette administration qui sont sur la ligne. Vous trouverez cette bombe. Vous la trouverez. Et vous la désamorcerez. Et après nous fêterons la victoire avec vos James Bond… Mais jamais, au grand jamais, moi présidente, sous mon mandat, il n’y aura d’explosion nucléaire déclenchée par des terroristes. » Julia fait partie des James Bond méprisés par la présidente, elle s’envole pour Le Cap où elle doit rencontrer un scientifique qui aurait pu monnayer certaines informations. Le temps court, la clepsydre se déverse avec une régularité infernale. C’est la course de vitesse entre les autorités et les terroristes. Ils gagnent la première manche en faisant exploser une bombe à La Mecque. « Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un groupe terroriste a réussi à faire exploser un engin nucléaire. La porte des Enfers s’est ouverte. » La géopolitique reprend ses droits, l’Arabie Saoudite, humiliée, doit répliquer, le prince doit faire la démonstration de sa puissance et de sa virilité. L’Inde doit être la cible. Une alliance avec le Pakistan est inévitable. Les réunions bilatérales, les tentatives de négociations, les échanges d’information entre les pays sont à leur acmé. Julia n’est pas parvenue à éviter cette explosion mais elle a l’intuition de ce qui se passe. Avec la complicité d’un collègue indien elle tente de convaincre, d’indiquer les hypothèses les plus probables et de mettre en œuvre tout ce qui peut permettre d’éviter le pire. Pendant les tractations gouvernementales, la présidente américaine apparaît de plus en plus incompétente, mystique et isolée. Un complot sera ourdi afin de la dégager des décisions et de l’écarter du pouvoir. En effet : « la présidente risque de commettre une erreur impardonnable pour le pays et pour le monde. Depuis vingt-quatre heures, il n’y a plus de marge pour une nouvelle bévue. La longue période de formation est terminée. Un impair, et il sera payé par une guerre mondiale nucléaire d’extermination. Il est temps de laisser les adultes aux manettes. (…). Sous le masque, Audrey sent Ann les chairs à vif. Nous sommes cinq minutes avant minuit. La présidente de la plus grande puissance du monde ne se maîtrise plus. » Ce portrait misogyne est peu flatteur vis-à-vis des femmes. Néanmoins, force est d’admettre que la laisser décider correspond à se précipiter dans un mur. Sans aucune rationalité elle élabore les hypothèses les plus farfelues en imaginant par exemple sans aucune preuve la Chine au cœur d’un dispositif visant avant tout à affaiblir l’Amérique. Toutes les simulations démontrent qu’en cas de conflit nucléaire l’escalade sera inévitable et le déclenchement d’une guerre mondiale sans issue autre que la destruction totale de l’humanité se profile. Le dénouement se déroule à Londres dans la cathédrale Saint-Paul où Julia essaye de convaincre un terroriste de renoncer en lui montrant l’impasse prévisible de son geste.

La narration du roman est chorale, la situation est présentée selon différentes perspectives géographiques. Le suspens et les rebondissements sont légion et incitent le lecteur à dévorer ce polar addictif, haletant et sombre. Les principaux thèmes abordés sont le nucléaire, l’organisation de la défense et des services de renseignement et le terrorisme. L’imbrication entre les décideurs politiques et les techniciens du renseignement est passionnante. La fiction s’inspire de la réalité et cela fait froid dans le dos. Les drones miniaturisés sont aux commandes des principales actions décidées, le monde est ultra connecté, les informations les plus confidentielles sont immédiatement délivrées sur les tablettes des protagonistes. Un tel monde est-il possible dans moins d’une génération ?

Voilà, je vous ai donc parlé Sept jours avant la nuit de Guy-Philippe Goldstein paru aux éditions Gallimard.

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